Intervention de Aurélien Taché

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélien Taché :

J'aimerais que le Parlement devienne un lieu dans lequel le point de vue de l'Afrique est entendu et respecté car ce sont les multiples voix qui s'entremêlent et s'enrichissent mutuellement qui constituent le socle d'une refondation véritable et profonde.

La langue représente évidemment un des liens les plus forts et anciens entre la France et toute une partie de l'Afrique. Son apprentissage a été imposé par l'esclavage et perpétué par la colonisation, mais le français est aussi la langue des auteurs, des poètes, d'une certaine forme de résistance, un « butin de guerre » comme l'a dit Kateb Yacine au moment de l'indépendance de l'Algérie. Le français est un beau symbole de notre histoire, dans toute sa complexité. C'est une langue de création, mais aussi une langue profondément politique. Je crois ainsi fermement en l'avenir de la francophonie comme vecteur de liberté et d'entraide, à condition qu'elle ne redevienne jamais un vecteur de domination culturelle.

Dans le cadre du renouveau de la francophonie, les questions d'adaptation au changement climatique et de déploiement de nouvelles solidarités devront être prioritaires. Nous devons concevoir des projets qui répondent aux besoins spécifiques des pays africains tout en contribuant à la préservation des biens communs à l'échelle globale. Une université francophone de la mer pourrait par exemple être créée à Nouakchott. Ces coopérations devront par ailleurs se traduire par des actions concrètes permettant d'instaurer une véritable collaboration dans la gestion des crises humanitaires et environnementales, loin de tout jeu politicien. Le terrible séisme qui a frappé récemment le Maroc nous en a rappelé la nécessité avec une douloureuse acuité.

Pour conclure, je souhaite m'adresser directement aux jeunesses africaine et française, qui, bien souvent, sont les mêmes. Vous êtes les architectes d'un avenir commun, qui, malgré de terribles défis, regorge d'espérances. Vous avez le devoir de tracer un chemin inédit d'adaptation et d'entraide pour répondre aux urgences de notre époque avec audace et créativité. Il est temps d'insuffler un nouvel élan démocratique assez puissant pour balayer définitivement les relents nauséabonds d'une Françafrique unanimement rejetée. Engagez-vous, apportez votre pierre à l'édifice d'une société plus juste, plus verte et plus humaniste ! Ensemble, nous pouvons écrire une nouvelle page de notre histoire commune à condition, comme l'écrivait Léopold Sédar Senghor, que nous sachions répondre « présents à la renaissance du monde ». Je suis convaincu que nous pouvons y parvenir.

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