Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du lundi 10 octobre 2022 à 21h30
Débat sur la dette

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

La dette française, c'est donc uniquement la charge, soit 50 milliards d'euros. On voit bien que la somme est plus modique que lorsque l'on veut essayer de faire peur. Être endetté est normal pour un État. Ce n'est pas fondamentalement malsain, ne serait-ce que parce qu'il est impossible de payer en une année des investissements qui courent sur des années.

La question est plutôt dès lors de savoir comment et auprès de qui on emprunte. Il peut y avoir des dettes illégitimes : je pense à celle qui a gonflé lors de la crise des subprimes parce que les États ont renfloué les banques au point de faire monter la dette de 500 milliards d'euros, faisant passer le taux d'endettement dans la zone euro de 66 % à 84 %. Voilà une dette illégitime qui aurait dû nous amener à nationaliser les banques – Nicolas Sarkozy l'avait même à un moment envisagé. Au lieu de quoi, on a fait en sorte de socialiser leurs pertes sans qu'il soit évidemment question de socialiser leurs profits – raison de plus d'ailleurs, à mon avis, pour taxer les surprofits actuels. Il faudrait demander un audit public et citoyen sur la question des dettes.

Mais le plus important est de savoir qui la détient. À cet égard, la question de la dette exceptionnelle contractée lors de la crise de covid-19 doit nous inciter à la réflexion. Qu'a fait la Banque centrale européenne ? Elle a désobéi elle-même de sa propre initiative aux traités en prêtant directement aux États. Dès lors, ce n'était plus le marché qui possédait notre dette, mais nous-mêmes d'une certaine façon, et nous pouvions alors décider de la reporter ou même, pourquoi pas, de l'annuler – quitte à en perdre les intérêts. Je le dis très clairement : compte tenu de la situation d'urgence qui est devant nous et des investissements que nous avons à réaliser, cette question devrait se poser de nouveau au plan européen.

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