Intervention de Christophe Plassard

Séance en hémicycle du lundi 10 octobre 2022 à 21h30
Débat sur la dette

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Plassard :

Permettez-moi de commencer mon propos en saluant la tenue de ce débat. La dette publique est un sujet central puisqu'elle est tout à la fois la résultante de la gestion de nos finances publiques sur le long terme et le préalable à toute réflexion sur les orientations à suivre pour les futurs budgets. Chacun connaît la situation de notre pays : champion de la dette publique depuis quelques années déjà, nous sommes dans le groupe de tête des pays les plus endettés de la zone euro avec la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne. Et les crises successives que nous connaissons, la crise sanitaire d'abord, la crise inflationniste ensuite, la crise énergétique enfin, n'aident en rien au rétablissement des finances publiques. Les mesures que nous prenons sont nécessaires, mais leur coût est important. Un tel niveau de dépenses conjoncturelles ne sera pas possible indéfiniment. Rappelons qu'au 30 juin 2022, la dette publique française s'établissait à plus de 2 900 milliards d'euros, soit plus de 111 % du PIB d'ici à la fin de l'année, loin de nos engagements européens.

Après le constat se pose la question suivante : une dette publique aussi importante pose-t-elle une difficulté ? Certains dans cet hémicycle, considèrent que la dette publique n'est pas un indicateur pertinent, que l'argent est gratuit et que la dépense publique n'est pas assez importante. Nous, au groupe Horizons et apparentés, ne pensons pas que ces trois affirmations soient exactes, et ce pour trois raisons.

Tout d'abord la dette publique en dit beaucoup de la gestion de nos finances publiques, en l'occurrence de la succession des déficits publics passés et donc cumulés. Ensuite, les conditions d'emprunt sont fluctuantes puisqu'elles dépendent non seulement des taux directeurs des banques centrales mais aussi de la crédibilité de chaque État à rembourser. L'illusion de l'argent gratuit rendue possible par des taux d'intérêt négatifs n'a plus lieu d'être. Nous empruntons aujourd'hui à 2,5 % et les prévisions s'approchent des 3 % à terme. La charge de la dette dépassera 50 milliards d'euros cette année, plus que le budget de la défense nationale. Et une dette publique importante, ce sont autant de ressources indisponibles pour financer les services publics dont nous avons tant besoin. Enfin, quand le niveau de dépense publique équivaut à 59 % du PIB – en 2021 –, on ne peut pas dire que notre pays connaisse l'austérité ou que le manque de dépense publique soit un mal français.

Face à ces constats, que faire ? Des coupes aveugles dans nos dépenses publiques n'y changeraient rien, pire, elles aggraveraient la situation en cassant la croissance et en faisant chuter l'investissement et les recettes fiscales. Nous devons être méthodiques et croire en notre esprit réformateur. La réforme de l'assurance chômage et la prochaine réforme des retraites montrent que nous pouvons mener des réformes de fond, modérer la dépense publique tout en instituant des mécanismes de justice sociale. Il nous faut aussi suivre un cap et le projet de loi de programmation des finances publiques le fixe clairement : réduction du ratio de dette publique rapporté au PIB dès 2026 et retour sous les 3 % de déficit public à l'horizon 2027. Pour y parvenir, la croissance moyenne en volume de la dépense publique, hors effet de l'extinction des mesures d'urgence et de relance, est prévue à plus 0,6 % sur la période 2023-2027, soit l'effort le plus significatif depuis plusieurs années. L'objectif est une dépense publique contenue, mais surtout une meilleure dépense publique : il nous faut toujours privilégier les dépenses d'investissement et celles qui concernent les domaines régaliens de l'État.

Je me félicite, au nom du groupe Horizons et apparentés, de l'ambition réformatrice du Gouvernement et de sa volonté de maîtriser la dépense publique. Gouverner, c'est choisir, en l'occurrence choisir avec courage nos politiques prioritaires, les dépenses publiques à privilégier et celles sur lesquelles un effort de rigueur doit être consenti ; gouverner, c'est avoir le courage de mener des réformes indispensables parce que la dette publique est un enjeu de souveraineté. Le groupe Horizons et apparentés se tiendra aux côtés du Gouvernement pour faire de ces cinq années à venir des années de réforme et de maîtrise des comptes publics. Oui, gouverner, c'est choisir.

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