Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du mardi 28 novembre 2023 à 21h30
Conférence sur l'avenir de l'europe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

Au sortir de la seconde guerre mondiale, traumatisés par le nazisme, les pères fondateurs de l'Europe nous promettaient paix et prospérité. Nous n'avons aujourd'hui ni l'une, ni l'autre. Pire, l'extrême droite revient en force, avec les croix gammées, le racisme et les défilés avec des barres de fer. Ce climat nous ramène à nos pires tourments : une économie de guerre, érigée en priorité absolue, et des peuples, dont le nôtre, qui paient au prix fort les conséquences de la guerre en Ukraine – une guerre qui s'inscrit dans la durée sans aucune initiative diplomatique en vue.

La pauvreté s'installe aussi. Plus de 95 millions de personnes dans l'Union européenne, soit 22 % de la population, sont menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale. Les Français pressentaient cette situation en 2005, lors du référendum sur un traité scélérat qu'ils rejetaient avec courage – et avec le soutien total du Parti communiste français. Mais la droite, revenue au pouvoir en 2007, les a trahis : le traité a été réintroduit, malgré l'opposition des groupes communistes de l'Assemblée nationale et du Sénat.

Ces traités européens ont conduit nos compatriotes à être mis en concurrence avec les travailleurs des pays à bas coût, et la désindustrialisation de la France s'est accélérée, à l'image de l'usine Bridgestone de Béthune, délocalisée avec la bénédiction et les financements de la Commission européenne. Et vous nous proposez maintenant d'élargir l'Union à des pays comme la Moldavie, où le salaire moyen s'élève à 50 euros ! Pour nous, c'est non. Nos grandes entreprises publiques comme France Télécom, La Poste ou EDF ont aussi été démantelées. D'ailleurs, s'agissant de l'électricité, chapeau ! Les tarifs ont explosé, avec une augmentation de 70 %, alors que nous pouvons produire l'électricité la moins chère et la plus décarbonée d'Europe ; et aujourd'hui, vous voulez faire la même chose avec la SNCF.

Le bilan est accablant. C'est toute la nation française qui se trouve affaiblie, perdant sa souveraineté dans des domaines clés : sanitaire, industriel, énergétique, alimentaire… En plus de cela, nos services publics sont fragilisés.

S'agissant de l'immigration, les vingt-sept pays de l'Union préfèrent construire un mur, une forteresse contre les migrants, plutôt que d'agir de façon responsable et humaine ; et ce sont les mafias qui prennent la main. C'est sur ce terrain de crise sociale et de désespérance que prospère l'extrême droite, avec ses milices violentes, racistes et antisémites qui, semaine après semaine, contestent les institutions et appellent au désordre.

La menace est là, immense. C'est pourquoi nous, communistes, remettons en cause l'essence libérale d'une Union européenne qui porte atteinte à la souveraineté des nations, aux choix démocratiques des peuples, à la paix et à la fraternité humaine. Plutôt que la course au profit et la concurrence libre et non faussée, nous proposons, nous, une union des nations et des peuples libres et souverains, qui coopèrent entre eux. Ce choix est d'autant plus vital que la logique du profit nous empêche d'investir dans la nécessaire révolution écologique.

C'est pourquoi nous rejetterons le retour annoncé des règles budgétaires d'austérité. Nous voulons au contraire reprendre la main sur l'argent en permettant à la Banque centrale européenne de prêter aux États à taux zéro, voire à des taux négatifs, en fonction de critères sociaux et environnementaux. Avec nous, la France retrouvera sa totale maîtrise en matière d'énergie et de sa tarification – il faut faire baisser de 50 % les factures des familles, des communes et des entreprises.

Nous voulons protéger le travail de nos concitoyens, nous voulons protéger nos entreprises, nos services publics et nos conquêtes sociales telles que la sécurité sociale ou la retraite. Nous voulons reprendre le contrôle sur l'économie : aucune délocalisation, aucune régression sociale ne doit être acceptée au nom de l'Europe. Nous voulons reconquérir notre souveraineté alimentaire et défendre les productions locales venant de nos champs et de nos océans. Avec nous, les accords de libre-échange, comme celui avec la Nouvelle-Zélande, seront revus, contestés et abandonnés. Nous serons implacables en matière de lutte contre la corruption, contre la fraude et l'optimisation fiscale qui coûtent tous les ans 100 milliards d'euros au budget de la nation. Enfin, la force de la France, en Europe, ce n'est pas d'avoir « une guerre d'avance », mais plutôt d'être une force de la paix, une force diplomatique, respectée et écoutée – au Proche-Orient, en Ukraine et au Caucase.

Voilà le sens d'un projet européen que les communistes ont toujours défendu et continueront à défendre. Lors des prochaines élections européennes, avec la liste conduite par Léon Deffontaines, nous reprendrons la main sur nos choix politiques et économiques. Le groupe GDR – NUPES votera contre la proposition de résolution européenne.

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