Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 4 décembre 2023 à 15h00
Défense des démocraties face aux multiples menaces et tentatives de déstabilisation — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Si on ne peut que souscrire à la visée globale de cette proposition de résolution, je m'étonne qu'elle passe sous silence ce qui, à mon sens, est la menace principale pour les démocraties, mais surtout pour la nôtre.

Car au-delà des menaces extérieures, bien réelles et de plus en plus nombreuses, ce sont surtout les menaces intérieures qui gangrènent notre démocratie et qui la sapent chaque jour davantage auxquelles il faut répondre. Oui, notre démocratie est fragile et traverse une crise sans précédent. Comme le rappelait en avril dernier le président du comité d'histoire parlementaire et politique, il y a aujourd'hui une remise en cause de tout le dispositif institutionnel et des acteurs qui le font fonctionner. Et ce n'est pas une énième résolution qui permettra à notre démocratie de retrouver du souffle ! Assez de bavardage, les Français ne sont plus dupes !

Plus qu'une crise de la démocratie au sens restreint du terme, puisque les institutions continuent de fonctionner et que les élections ont lieu, la nôtre traverse une crise existentielle. Sentiment de dépossession, disparition des services publics, crise sociale qui tourne en boucle, fièvre révolutionnaire des mélenchonistes : tout donne le sentiment que notre démocratie est emportée dans un processus d'autodestruction.

J'en veux pour preuve la progression constante du taux d'abstention, des niveaux record étant atteints depuis quelques années à chaque scrutin. Les chiffres sont alarmants : plus de 55 % des Français se sont abstenus lors des dernières élections législatives, et 28 % au second tour de la dernière élection présidentielle. C'est bien une crise de légitimité que traversent nos institutions. Les Français sont las de voir la violence de nos débats, de voir chaque semaine les comportements toujours plus brutaux et indignes de certains de nos collègues, de se sentir bafoués par une pluie de 49.3 qui ternissent nos débats – quand ils ont lieu – alors que notre président se met en scène dans Pif Gadget et qu'une ministre pose, comble du narcissisme moderne, pour Playboy.

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