Intervention de Emmanuel Blairy

Séance en hémicycle du samedi 16 décembre 2023 à 18h30
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuel Blairy :

Oui, vous en avez un : celui d'affaiblir le monde agricole ! Fin des dérogations pour l'utilisation de néonicotinoïdes, sans solution alternative, qui conduit à la fermeture de la sucrerie d'Escaudœuvres dans le Cambrésis, à proximité de ma circonscription ; crise énergétique qui plonge les endiviers dans la détresse ; difficulté à maintenir l'équilibre économique des exploitations, qui conduit à des dépôts de bilan ou à des drames humains : le monde agricole, c'est deux suicides par jour !

Et pour enfoncer le clou, le Gouvernement fait les poches des paysans sous prétexte de verdir l'économie ! Nos paysans sont prêts à être les acteurs principaux de la souveraineté alimentaire et à relever les enjeux de demain. La réponse est dans le localisme : produire et consommer local. Vous le refusez aujourd'hui, nous le ferons demain avec Marine Le Pen.

Toute la classe politique dresse le même constat : les membres de la majorité et les ministres ne cessent de répéter qu'ils soutiennent les agriculteurs, mais lorsqu'ils proposent des réformes et prennent des engagements, nos paysans en subissent toujours les conséquences. Alors que la guerre en Ukraine a fait exploser le prix des matières premières et que les tarifs des énergies fossiles et de l'électricité se sont envolés à cause du marché européen, votre application à augmenter, par idéologie, le prix du gazole non routier (GNR) ressemble furieusement à de l'acharnement envers le monde agricole, même si cette hausse est progressive. L'hiver, vous demandez aux éleveurs de couper l'électricité ; l'été, vous demandez aux agriculteurs de diminuer leur consommation d'eau. Et maintenant, vous vous en prenez directement à leur porte-monnaie ! Vous décidez d'augmenter le tarif du GNR en période de crise alors qu'il faudrait le geler jusqu'à ce que la situation économique se stabilise.

Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, lorsque ce soir, à l'issue du vote, vous serez attablés, ayez une pensée pour nos agriculteurs, ceux-là mêmes qui font la qualité de nos assiettes et la beauté de nos paysages, et qui contribuent à faire de la France le premier pays touristique au monde.

Mais l'indécence ne s'arrête pas là. Non content de supprimer l'exonération de la taxe sur le GNR, le Gouvernement fait adopter en catimini, via un 49.3 dont il a le secret, un amendement Fifa pour exonérer d'impôts les fédérations sportives internationales qui s'installeraient à Paris et d'impôts sur le revenu leurs salariés, qui touchent des rémunérations exorbitantes ! Voilà le cadeau fiscal fait à la Fifa alors que de nombreux Français vont devoir se serrer la ceinture à Noël !

Je le dis et je le répète, notre Gouvernement ferait mieux de s'occuper des Français qui se lèvent tôt pour travailler et pour faire vivre notre pays plutôt que de raser gratis les chasseurs de primes à un moment où notre dette publique s'élève à 3 000 milliards d'euros. Emmanuel Macron, le Mozart de la finance, fait sombrer la France dans un état de quasi-faillite et nous prépare un destin à la grecque. Son « quoi qu'il en coûte » est devenu un « quoi qu'il vous en coûte, chers Français ! ».

Le pouvoir exécutif est complètement déconnecté des réalités de nos concitoyens. Certes, comme on l'entend souvent, il représente l'élite intellectuelle de la France et ses représentants ont fait leurs classes à Sciences Po et à l'École nationale d'administration (ENA). Avant d'accéder au pouvoir, ils travaillaient dans des cabinets de conseil, des banques ou des agences de communication. Ils pensent n'avoir rien à apprendre des petites gens et ne savent pas ce que c'est que d'être à découvert le 10 du mois parce que l'inflation a rendu les fruits et les légumes inabordables et que le gazole dépasse encore 1,70 euro le litre à Bapaume.

C'est au cours de la présidence d'Emmanuel Macron que le mouvement des gilets jaunes a pris de l'ampleur, mettant en lumière le décalage entre les élites parisiennes et les gens normaux, qui travaillent parfois sans réussir à boucler leurs fins de mois. Et ce n'est pas la NUPES, si elle existe encore, qui va défendre le sort des classes populaires et des classes moyennes. La gauche les a abandonnées et appelé à voter pour Emmanuel Macron.

Enfin, je voudrais rappeler que le groupe RN s'est battu avec force pour défendre nos concitoyens ultramarins. De manière transpartisane, nous avons tiré la sonnette d'alarme sur les faiblesses des infrastructures d'eau et d'assainissement, notamment en Guadeloupe et à Mayotte. Nous avons proposé de relever le chèque alimentaire pour Mayotte, mais vous avez refusé. Ce territoire fait pourtant face à une situation d'urgence humanitaire, en plus de l'urgence migratoire. Quant à la Guyane, nous avons proposé de renforcer l'opération Harpie, qui vise, depuis 2008, à lutter contre le fléau de l'orpaillage illégal – plusieurs élus d'outre-mer nous ont rejoints sur ce point.

Ce soir, ceux qui espéraient encore quelque chose de la Macronie sont une fois de plus déçus. Les Français l'observent et le déplorent. C'est dans les urnes qu'ils pourront prendre leur destin en main. J'ai une pensée toute particulière pour nos concitoyens qui, malgré leurs difficultés financières, essayeront d'offrir à leurs proches un beau réveillon de Noël. Noël, c'est la fête de la lumière au cœur de l'hiver ; c'est l'étoile qui brille faiblement dans la nuit noire pour nous rappeler qu'il existe toujours une raison d'espérer. Un peu en avance, je souhaite à tous les Français de bonnes fêtes de fin d'année.

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