Intervention de Loïg Chesnais-Girard

Séance en hémicycle du lundi 26 février 2024 à 21h30
Décentralisation des politiques publiques agricoles

Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne et de la commission Agriculture de Régions de France :

Je vous répondrai d'abord en tant que président de la commission agricole de Régions de France.

Les régions veulent expérimenter : elles souhaitent proposer au Gouvernement d'aller plus loin en la matière pour faciliter la vie des agriculteurs. Dans un monde de plus en plus complexe qui exige d'adapter les politiques publiques aux situations des territoires – la sécheresse, les tempêtes, le recul des traits de côte, les maladies, notamment les épizooties – nous avons besoin de la puissance de l'État mais aussi de la réactivité des équipes locales.

Je prends maintenant ma casquette de président de la région Bretagne. Il faut mener un grand débat, dès à présent, pour préparer la PAC pour 2027-2032. 2027, cela peut paraître loin, mais c'est demain ! Je peux vous assurer que d'autres, en Europe, s'organisent, avec une vision très claire de ce qu'ils veulent. Si nous restons dans un débat de court terme et interne à la France pour améliorer l'efficacité de notre politique agricole sans nous préoccuper du débat sur la prochaine PAC, nos chances de peser dans ce dernier s'amenuisent.

La prochaine PAC devra prendre en compte la dignité des agriculteurs et la question de leurs revenus. Il ne faut peut-être pas envisager des prix planchers, mais de nouveaux mécanismes, notamment contracycliques, des politiques européennes pour assurer une juste rémunération : ils ne peuvent être discutés qu'à l'échelon européen – je souhaite évidemment que la campagne électorale qui va s'ouvrir mette la question au cœur des débats –, avec les autres États membres et dans le nouvel hémicycle.

Si l'on choisit de rester dans la logique basique du nombre d'euros par hectare, sans comprendre qu'il y a des périodes où on gagne beaucoup, comme c'est le cas en ce moment pour le porc en Bretagne, et d'autres où c'est la catastrophe et où l'on appelle à la rescousse les régions, l'État et l'Europe, on passe à côté d'une occasion de réguler le marché.

L'autre solution, dont je ne suis pas le plus grand fan, c'est de fixer les prix et les salaires ; mais dans l'Union européenne telle qu'on la connaît, avec un marché ouvert, bon courage pour la mise en œuvre d'une telle politique !

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