Intervention de Christophe Laurens

Réunion du jeudi 22 février 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Christophe Laurens, lieutenant-colonel, responsable du STIS de Saint-Barthélemy :

Saint-Barthélemy se trouve à 250 kilomètres de la Guadeloupe et à 25 kilomètres de Saint-Martin. Sa population est de 10 585 habitants pour une densité de 500 habitants au kilomètre carré. Les gros-porteurs ne peuvent atterrir sur notre aéroport, puisque celui-ci ne dispose que d'une piste de 640 mètres, et notre port ne peut accueillir de gros bateaux.

Les Retex de l'événement Irma, d'une intensité exceptionnelle, ont été pris en compte dans différents domaines. Nous avons en effet la particularité de pouvoir armer un centre opérationnel territorial (COT) coordonnant les services de la collectivité et de l'État. Parmi les améliorations, la présence du secrétariat général de la préfecture lors des exercices que nous réalisons chaque année. Le COT comprend plusieurs cellules : décision, communication, anticipation, action et santé. Nous disposons de quatre abris sûrs et de trois postes de secours dont la capacité d'accueil progressive est de 177 lits.

Nous sommes confrontés à l'ensemble des risques naturels, mais n'oublions pas que chaque territoire est différent en termes de population, d'habitat, de constructions et de desserte. En cas d'événement, la Guadeloupe est une plateforme aéroportuaire de première intention, à condition, bien entendu, qu'elle n'en subisse pas elle aussi les conséquences.

Les évacuations sanitaires posent problème et je rejoins l'analyse de M. le contrôleur général. Nous avons de très bonnes relations avec l'hôpital local, avec lequel notre direction de la santé maintient des échanges réguliers. En cas d'événement majeur, la présence de médecins urgentistes supplémentaires est nécessaire. Des contacts sont d'ailleurs en cours avec l'agence régionale de santé (ARS) afin que notre COT et celui de Saint-Martin puissent bénéficier de la présence d'un cadre de l'ARS en cas d'événement.

En ce qui concerne les actions de coopération, nos relations avec les Sdis de Saint-Martin et de Guadeloupe sont encadrées par diverses conventions. Nous souhaitons également améliorer la coopération avec la brandweer – les pompiers hollandais – de Sint-Maarten, avec l'aval du président de notre collectivité et dans un cadre défini par l'état-major zonal, avec lequel j'échangeais encore hier dans le cadre d'une visite. Cette coopération pourrait notamment se développer dans le domaine de la formation opérationnelle, notamment par la mise à disposition des installations des pompiers hollandais. Il existe des contacts avec l'ambassade de France.

Nous recommandons de poursuivre les efforts entrepris depuis plusieurs années pour l'information et la sensibilisation de la population, notamment vers des publics ciblés, comme celui des écoles. Des améliorations doivent être apportées à la prise en compte de la population touristique, et notamment des personnels saisonniers disposant de logements et qui sont l'objet d'un important turnover. Nous sommes à cet effet en contact avec les hôtels et les restaurants.

Les actions d'amélioration des capacités opérationnelles doivent se poursuivre dans la durée. Nous continuons ainsi à mener, au niveau local comme au niveau zonal, des exercices cadres interservices. Nous menons également des actions de planification en collaboration avec la préfecture et, depuis deux ou trois ans, avec le service interministériel de défense et de protection civile (SIDPC). Pour la phase d'alerte, nous avons, à la suite d' Irma, acquis des téléphones satellitaires et les réseaux téléphoniques ont été enfouis. La collectivité dispose ainsi d'un réseau interne.

De nombreux élus se sont engagés avec volonté et détermination à développer la formation de gestion de crise, en partenariat avec l'École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp) et les conseillers « mission sécurité, sûreté et audit » (Missa). Cette formation de nos élus et des différents acteurs de la gestion de crise, notamment ceux travaillant dans le cadre du COT, permet à tous de parler le même langage.

L'urbanisme ne rentre pas dans le champ de mes compétences. Le règlement d'urbanisme territorial et le code de la construction sont en cours de modification pour prendre en compte l'ensemble des mesures anticycloniques. Chaque territoire étant différent, nous prenons en compte les paramètres liés à l'habitat et à la construction afin de limiter les dégâts matériels.

Je tenais enfin à souligner l'esprit de solidarité de la population de Saint-Barthélemy. Grâce à la mise à disposition de moyens privés dans la phase post-crise, en coordination avec les moyens publics gérés par les services de la collectivité, les axes de circulation reliant l'aéroport, le port et l'hôpital ont pu être dégagés rapidement. Le prépositionnement des moyens de sécurité civile en détachement préventif sur place a permis, dès la fin de l'événement, de procéder au déblaiement et à la reconnaissance. Une des suites du Retex au sein du STIS a été la création d'une cellule drone afin de procéder à des reconnaissances facilitant la remontée rapide d'informations précises vers le COT de Saint-Martin.

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