Intervention de Fatiha Keloua Hachi

Séance en hémicycle du jeudi 28 mars 2024 à 9h00
Discussion des articles — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFatiha Keloua Hachi :

Fatima Bedar avait quinze ans. Son visage – celui d'une jeune fille sans histoire, aux joues rosées et aux deux longues tresses brunes –, représenté sur une fresque à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, m'a longtemps hantée – elle est morte noyée dans la Seine parce qu'elle était Algérienne. Resté trop longtemps oublié, il doit désormais être connu de tous. Comme Fatima, plusieurs centaines d'Algériennes et d'Algériens périrent, assassinés, durant cette nuit sombre d'octobre 1961.

Et puis rien… Il s'en est ensuivi un silence assourdissant et complice, une amnésie d'État, un effacement administratif ; une simple inscription – « Ici on noie les Algériens » –, peinte à la hâte, sur les quais de la Seine, quelques jours après le massacre, qu'on s'empressera d'ailleurs d'effacer, premier signe d'un oubli délibéré et d'un contre-récit méthodiquement construit.

Comme cette inscription, le nom et le drame des centaines d'Algériens massacrés ont été effacés. Leurs noms et leur souvenir ont été emportés par les flots de la Seine, ce soir d'octobre 1961. Pourtant, comme les corps sans vie de ces centaines d'innocents, leur histoire – une histoire bien française – a fini par remonter à la surface, malgré les tentatives d'étouffement de ce crime d'État. Nous sommes réunis pour dire cette vérité, grâce au travail acharné de notre chère collègue, Sabrina Sebaihi, que je remercie chaleureusement.

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