Intervention de Thierry Roquefeuil

Réunion du jeudi 28 mars 2024 à 14h30
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Thierry Roquefeuil, président du CNIEL :

Le service économique de l'interprofession a mené un travail prospectif à partir des courbes de production et de consommation de 2023 : il a mis en évidence une baisse de la production de 2,7 % et une légère augmentation de la consommation. Ce n'est pas notre capacité à fournir pour la population française qui est en cause, c'est le solde entre les exportations et les importations qui deviendra négatif : les 3,5 milliards d'excédent vont fondre comme neige au soleil.

Les premiers chiffres de 2024 montrent que la production se stabilise. La profession a dû faire face à des aléas climatiques et à l'inflation. En 2022, certains producteurs ont préféré vendre des vaches plutôt que d'acheter du fourrage à un prix élevé. Si la conjoncture et les prix payés aux producteurs se stabilisent – voire augmentent car nous avions demandé une augmentation en 2024 pour répondre à l'inflation des charges –, on pourra retrouver une production correspondant à la consommation de nos concitoyens. Au contraire, la production de l'Irlande a baissé de 12 % en janvier. Des pays qui avaient accéléré leur production font marche arrière.

On doit être cohérent dans le temps : avec 23 milliards de litres produits en 1983 et en 2024, on ne peut pas dire que l'on a fait n'importe quoi. La filière a essayé de gérer au mieux, eu égard à la consommation. Il faut tenir cette cohérence face aux évolutions, notamment la diminution tendancielle du nombre d'exploitations. Vous l'avez dit, certains producteurs arrêteront encore leur activité. On souhaite qu'ils soient aussi peu nombreux que possible et que l'on garde le modèle laitier français, avec des exploitations de soixante-dix vaches en moyenne.

Ce modèle est atypique. Une partie seulement de l'Allemagne, à l'ouest, le suit. La Pologne est passée d'une agriculture vivrière à des exploitations de trois cents à cinq cents vaches. L'Europe bouge ; les troupeaux grossissent fortement. En France, les choses évoluent mais ni la population ni les producteurs ne sont demandeurs de grosses exploitations. Cette cohérence est nécessaire pour faire correspondre les attentes du citoyen et du producteur, ce qui passe par du revenu pour tout le monde.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion