Intervention de Boris Vallaud

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2024 à 15h00
Débat d'orientation et de programmation des finances publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

À considérer la situation, nous ne pouvons que constater l'étendue des dégâts et de votre incompétence. Il n'y a pas de quoi être fier. Une incompétence à laquelle vous avez joint le mensonge en ne disant pas la vérité sur les conséquences de vos choix budgétaires et sur l'état de nos finances publiques.

Depuis plusieurs années, vous avez, en effet, retenu sciemment des perspectives de croissance systématiquement au-dessus des prévisions de la Banque de France ou de l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques. Cette année encore, vous dites 1,6 %, mais nous ne dépasserons pas les 0,5 % selon l'OFCE. Dès lors, qui peut s'étonner qu'il manque des milliards d'euros de recettes ? Personne.

À cela s'ajoute l'addition accablante de vos cadeaux fiscaux jamais financés : 60 milliards au total, parmi lesquels 20 milliards de baisse des impôts de production dont les deux tiers bénéficieront notamment à la banque et aux assurances, lesquelles viennent de battre de nouveaux records en matière de distribution de dividendes. C'est coûteux, et c'est honteux.

Dans un même élan, vous avez consciencieusement appauvri la sécurité sociale en multipliant les exonérations de cotisations – leur montant a augmenté de 30 % depuis 2017. La protection sociale était excédentaire à votre arrivée, mais les comptes de la sécurité sociale sont aujourd'hui déficitaires de 10 à 15 milliards par an.

Si encore ces déficits étaient venus servir le pouvoir d'achat des Français, réarmer industriellement le pays, moderniser nos services publics ou accélérer la transition écologique… mais il n'en est rien.

Vous avez failli, vous avez vidé les caisses et vous voulez désormais vider les poches de celles et ceux que nous avons applaudis à vingt heures. Il faut dire aussi que vous avez négocié un très mauvais pacte de stabilité avec des règles automatiques inadaptées et dangereuses. « Le résultat est un cauchemar », nous dit Jean Pisani-Ferry. Vous êtes aujourd'hui pris au piège de votre dogmatisme.

Vos orientations budgétaires ne disent qu'une chose : à l'incompétence et au mensonge, vous ajoutez désormais la brutalité sociale, l'inefficacité économique et l'impasse financière. D'ores et déjà, vos 10 milliards d'euros de baisse de dépenses coûteront à notre économie 0,2 point de croissance cette année, 2,2 milliards manqueront à l'écologie, 700 millions à l'école, 900 millions à la recherche, 330 millions à la justice, 230 millions aux forces de l'ordre, etc.

Votre cure d'austérité sans précédent sera un remède pire que le mal : moins de pouvoir d'achat, moins de droits sociaux, moins de croissance, moins d'investissement mais plus de CO2, plus de pauvreté, plus de chômage, plus de déficits et plus de dette.

Personne ne vous croit plus. Or le courage, monsieur le ministre, c'est de dire la vérité : vous ne passerez pas en dessous des 3 % de déficit en 2027 à moins d'abîmer la France et de faire souffrir les Français.

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