Intervention de Julien Bayou

Séance en hémicycle du lundi 17 octobre 2022 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2023 — Après l'article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Bayou :

Cette question oppose les terriens à ceux qui sont complètement hors sol. D'un côté, l'ensemble des Français qui subissent la contrainte du dérèglement climatique et qui paient leurs impôts sans pouvoir y échapper, qu'il s'agisse de la TVA ou de l'impôt sur le revenu pour ceux qui ont la chance d'y être assujettis ; de l'autre, une poignée de personnes qui s'affranchissent de toutes les contraintes. Les jets privés et les yachts sont peut-être l'exemple le plus criant du mode de vie de ces personnes qui sont littéralement hors sol, qui font sécession à 10 000 pieds au-dessus de la terre.

Je me réjouis que nous abordions dans le PLF la question de la taxation des jets privés. Nous vous proposerons dans les mois prochains de les interdire, ce qui donnera à ceux qui y sont favorables comme à ceux qui s'y opposent la possibilité d'exposer leurs arguments. En attendant, souffrez que l'ensemble de la population proteste contre cette situation incompréhensible : comment admettre qu'on ne puisse pas intégrer les jets privés et les yachts à un impôt de solidarité sur la fortune ? Comment expliquer qu'on les ait retirés de l'assiette de l'impôt sur la fortune ? L'amendement n° 1063 vise à les réintégrer.

On sait que les yachts sont extrêmement polluants : certains navires consomment autant que 1 million de voitures. Comment faire entendre à un automobiliste qu'il n'a pas le droit de circuler les jours des pics de pollution quand, à Marseille ou à Ajaccio, on tolère la pollution de l'équivalent de 1 million de voitures en accueillant des mégayachts ? À l'évidence, il faut pouvoir les taxer, puisqu'ils font partie du patrimoine et des signes ostentatoires de richesse.

Le naufrage fiscal de la taxe sur les yachts est tel que, comme l'a dit Joël Giraud, alors rapporteur général, seules trois personnes l'ont payée. Ils font figure de bons abrutis qui ont accepté de payer, mais en fait, on n'est pas allé réclamer le produit de cette taxe. Le plus simple est de réintégrer ces signes ostentatoires de richesse que sont les jets privés et les yachts dans l'impôt de solidarité sur la fortune.

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