Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 24 octobre 2022 à 21h30
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

…les chômeurs recherchent tous activement du travail et les bénéficiaires des aides sociales n'abusent jamais du système.

Parce que je combats cette vision candide de la société, je ne voterai évidemment pas la motion de censure. Ce faisant, il ne s'agit évidemment pas d'accorder un blanc-seing au Gouvernement. En effet, les 3 273 amendements initialement déposés en attestent : c'est un texte carencé que vous nous avez proposé, loin d'être à la hauteur du défi que représentent les profondes difficultés rencontrées par notre système de santé. Il ne comporte ainsi aucune réponse convaincante à la fracture sanitaire qui plonge 22 millions de Français dans l'angoisse des déserts médicaux. Face à une telle situation, les Français étaient pourtant en droit d'attendre un budget historique et porteur d'espérances pour notre système de santé. Ce n'est évidemment pas le cas.

Même l'objectif national de dépenses d'assurance maladie – le fameux Ondam – rectifié pour 2022, que nous avons tout juste eu le temps d'examiner jeudi dernier, était clairement insuffisant, en tout cas pour compenser les effets de l'inflation. Les fédérations parlent de 1,1 milliard d'euros quand vous prévoyez 800 millions, et comme cet Ondam rectifié servira de base au calcul pour celui de 2023, il était inconcevable de le voter.

Pour faire face au déficit de médecins, vous avez sorti de votre chapeau une quatrième année ajoutée au troisième cycle des étudiants en médecine générale : c'est une mesure brandie sans aucune concertation ! Le problème, madame le Premier ministre, ne tient évidemment pas à la longueur des études mais bien au nombre de places disponibles dans les formations en médecine, qu'il faut absolument augmenter.

Je ne reviendrai pas sur la colère des infirmiers libéraux ni sur celle des pharmaciens, mais je m'attarderai sur la pauvreté des mesures envisagées pour nos aînés. Alors que nous attendons toujours votre loi relative au grand âge, maintes fois annoncée mais toujours repoussée, trois petits articles leur sont consacrés dans ce PLFSS. Même inquiétude pour les aidants, souvent mis en avant mais toujours insuffisamment épaulés dans leur quotidien.

Madame le Premier ministre, je vous l'ai dit, je ne voterai pas cette motion de censure. Permettez-moi néanmoins de vous le répéter : l'équilibre budgétaire de la sécurité sociale est la condition indispensable de sa pérennité. Dans son dernier rapport, la Cour des comptes s'alarme d'ailleurs du déficit structurel de notre protection sociale, qui, précise-t-elle, se fait « au détriment des générations futures ».

Faute de mener les grandes réformes nécessaires, notamment pour réduire le poids de notre administration et de notre bureaucratie, vous persistez dans vos mauvais réflexes : soutenir les familles, ce n'est pas ponctionner 2 milliards d'euros d'excédents de la branche famille ; ce n'est pas non plus réserver les aides supplémentaires aux seules familles monoparentales. Si vous voulez vraiment dégager quelques recettes supplémentaires, luttez réellement et efficacement contre les fraudes à la sécurité sociale, véritable poison auquel vous ne vous êtes jamais véritablement attaquée, malgré vos quelques annonces faites en fanfare !

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