Intervention de Yannick Chenevard

Séance en hémicycle du jeudi 27 octobre 2022 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2023 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Chenevard, rapporteur pour avis de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Voilà qui nous rappelle avec force à nos devoirs diplomatiques et militaires. Mais il n'y a pas de diplomatie sans puissance, pas de puissance sans constance et pas de constance sans efforts.

Pour la première fois depuis bien longtemps, le budget de la défense ne sert pas de variable d'ajustement. La LPM exécutée à l'euro nous permet de progresser tous les ans et, cette année, de 3 milliards d'euros. C'est heureux ; nous avions atteint les limites de l'exercice en 2017. C'est dans la durée, la stabilité et la persévérance que se construit une grande marine. Il faut dès aujourd'hui recruter, former et faire monter en compétence les officiers et officiers mariniers qui armeront le ou les futurs porte-avions, ainsi que les équipages des nouveaux sous-marins nucléaires (SNA) d'attaque ou lanceurs d'engins. Il faut également poursuivre l'adaptation de nos infrastructures portuaires outre-mer afin d'y accueillir des bâtiments de plus en plus gros, plus nombreux, et pourquoi pas un SNA dans l'Indo-Pacifique opérant des rotations régulières avec la métropole. Le temps des drones est venu. Ils révolutionnent certaines pratiques, imposent d'en posséder en nombre et de se défendre contre eux. Ce sont 98 % des communications internet qui transitent par des câbles sous-marins à des profondeurs où l'humain n'opère pas. Enfin, les armes hypervéloces confèrent pour le moment un avantage tactique qu'il convient de ne pas négliger.

« Les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. » L'effort budgétaire important qui portera à 50 milliards le budget de la défense en 2025 démontre la place que le Président de la République et le ministre des armées donnent à nos forces ainsi qu'à notre base industrielle et technologique de défense (BITD). La démocratie a besoin d'être défendue, au besoin militairement, pour demeurer.

La marine bénéficiera d'un surcroît de crédits de 9 % au titre du programme 178, à 3,088 milliards en crédits de paiement. Je ne peux que saluer cet effort de la nation, qui permettra une remontée en puissance de l'outil naval. Ce qui est désormais en jeu, ce n'est plus une modernisation un pour un, mais un accroissement du format de la marine avec, peut-être, un deuxième porte-avions : c'est une interrogation. La France ne dispose pas aujourd'hui d'un porte-avions mais de 65 % de celui-ci puisque, un tiers du temps, il est en entretien. Il faudrait qu'il s'agisse d'un deuxième porte-avions, et non d'un deuxième groupe aéronaval. Nous avons encore un peu de temps pour en décider. Par ailleurs, le nombre de frégates de premier rang, fixé à quinze, apparaît aujourd'hui insuffisant. Le programme des corvettes européennes pourrait être une solution pour porter ce nombre à dix-huit.

Les décisions prises aujourd'hui nous engagent pour des décennies. La France doit se préparer au pire pour mieux le prévenir.

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