Intervention de Caroline Colombier

Séance en hémicycle du jeudi 27 octobre 2022 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2023 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Colombier :

Après de longues années d'érosion budgétaire du ministère des armées et de notre outil de défense, voici que semble arriver la fin de l'hémorragie. Longtemps, nos armées ont chèrement subi et payé les choix inconséquents et désastreux des gouvernements successifs. Ces derniers, négligeant l'entretien d'un modèle d'armée complet performant, ont contraint les unités à bricoler avec des miettes budgétaires et capacitaires. Les soldats, les marins et les aviateurs, sans oublier les civils et les industriels de défense, sont donc temporairement soulagés par cette hausse annuelle des crédits de la mission.

Il faut reconnaître que cette hausse, conforme aux orientations de la loi de programmation militaire 2019-2025, semble faire cesser l'érosion. Malheureusement, elle n'est pas suffisante. Ne cédons pas à la tentation de nous autocongratuler, et restons humbles : le monde change, et cette partielle remontée en puissance est totalement remise en cause par l'inflation et par le retour de la haute intensité sur le continent européen. En réalité, notre pays affiche des objectifs qu'il n'est plus en mesure de tenir, malade qu'il est de sa schizophrénie idéologique permanente. Il est toujours partagé entre un pacifisme naïf – qui nous met à la traîne industrielle de nos compétiteurs et nous berce dans l'illusion d'une Europe de la défense sous protectorat américain –, et une volonté adolescente de puissance – qui impose aux armées des contrats opérationnels qu'elles ne sont plus en mesure de remplir. Entre ces deux visions, le réel a triomphé, et le réveil est difficile : oui, la guerre, sous tous ses aspects et avec toutes ses horreurs, est de retour dans la vie des hommes et des nations, n'en déplaise à Fukuyama et à sa fin de l'histoire.

La hausse de budget prévue pour 2023 est un minimum syndical. Nous saluons par conséquent les livraisons prévues l'année prochaine pour nos forces. Cependant, le transfert de matériel vers l'Ukraine, la vente de Rafale à la Croatie et à la Grèce, ou le retrait des Mirage 2000-C aggravent le problème de la disponibilité des matériels. S'agissant des munitions, un renouvellement des stocks à hauteur de 2 milliards d'euros est prévu. Nous avons eu l'occasion de vous alerter sur cette problématique en commission, et nous notons que nos plaintes n'ont pas été vaines. Toutefois, nous oublions toujours un enjeu crucial pour les armées : la relance de la filière française de munitions de petit calibre – pour l'heure, cette filière est totalement abandonnée. Il faut d'urgence y remédier.

Les efforts consentis sont donc insuffisants et comportent encore trop d'angles morts. Le groupe Rassemblement national tentera d'y remédier par ses propositions : abandon immédiat du projet franco-allemand Scaf, augmentation du nombre de patrouilleurs d'outre-mer, investissement dans les hélicoptères de transport lourd, pour ne citer que ces pistes. Conformément au programme présidentiel de Marine Le Pen, nous demandons une augmentation importante du budget de la défense, à hauteur de 55 milliards d'euros, pour défendre véritablement notre souveraineté. Toutefois, une légère augmentation étant préférable à une baisse, nous nous abstiendrons concernant la mission "Défense" .

La mission Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation subit elle aussi une érosion. Ce recul semble logique de prime abord, au vu de la démographie, mais le problème est ailleurs : le montant des indemnisations, bien qu'il soit un peu plus élevé que d'habitude, reste trop faible ; les principaux concernés sont en effet les familles de harkis, qui se battent pour que la réparation qui leur est due soit augmentée. Ces hommes ont tout sacrifié pour servir la France. La juste reconnaissance de la nation a tardé, et n'est toujours pas à la hauteur de leur sacrifice. C'est pourquoi nous défendrons une hausse des budgets alloués à cette mission. Cependant, la demi-part des veuves d'anciens combattants ayant été retenue dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) par le Gouvernement, à la suite de l'application de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution, nous ne voterons pas contre ce budget.

Pour finir, je citerai le général de Gaulle :…

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