Intervention de Marie Pochon

Séance en hémicycle du lundi 31 octobre 2022 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2023 — Écologie développement et mobilité durables

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie Pochon :

…mais de nous enlever le pouvoir de construire la loi et de voter. Je vais me permettre d'être sincère.

Commençons par les mots. Asphalte : « ce n'est pas parce qu'un mot est joli qu'il faut en foutre partout », disent les opposants au projet des Sublimes routes du Vercors, au sujet de l'asphalte que certains voudraient étaler sur nos belles montagnes pour faire venir toujours plus de touristes motorisés. Il y a d'autres mots, aussi jolis, qu'il serait temps de « foutre » partout, si vous me permettez l'expression.

La liberté, l'égalité, la fraternité. La liberté de se mouvoir, celle de respirer un air sain, celle de ne pas mourir prématurément à cause d'un modèle de transports que nous n'aurions su transformer à temps ; l'égalité dans l'accès aux droits, aux services publics, aux soins quand ceux-ci se font plus lointains ; oui, mes chers collègues, le non-recours tue. La fraternité, parce que nous nous devons d'assurer la justice entre urbains et ruraux, entre femmes et hommes – 20 % des femmes n'ont pas le permis de conduire contre seulement 10 % des hommes –, entre ceux qui peuvent se payer des billets de TGV à 120 euros et ceux qui sont condamnés à rester là où ils habitent, entre ceux qui vont en jet à Ibiza et ceux qui peinent à trouver un véhicule pour un rendez-vous médical.

Il y a au contraire des mots que l'on aimerait ne plus entendre. Cette politique qui ne va pas assez loin contraint nos concitoyens, notamment ceux habitant dans des zones rurales, à renoncer à se déplacer et à renoncer à leurs droits et à leurs libertés, faute de moyens pour payer un carburant au prix fort, faute de raffineurs bientôt, à force de laisser prospérer les inégalités au sein même de nos fleurons industriels, faute d'une politique crédible d'aménagement des territoires et de déploiement des services publics essentiels, faute de carburant, dans un horizon pas si éloigné, parce que dans ce monde fini, le dogme de la croissance infinie a réussi à aveugler les plus puissants, que tous les scientifiques ne sauraient raisonner.

La France a élaboré une stratégie nationale bas-carbone et s'est fixé un objectif de zéro artificialisation nette des sols en 2050. La France doit par ailleurs s'engager à laisser de la terre disponible pour l'installation agricole. Et au risque de me répéter, la France doit tenir ses engagements en matière climatique, pris notamment lors de l'accord de Paris. Aussi, les amendements proposés par le groupe Écologiste – NUPES sur cette mission Écologie, développement et mobilité durables n'ont finalement qu'un seul but : mettre la loi et les financements en cohérence avec les engagements pris par la France. Vous savez intimer aux autres de respecter la loi quand cela vous chante, nous en faisons de même dans ce domaine.

En étudiant les crédits alloués aux transports, nous ne pouvons que constater le caractère massif du sous-investissement, conséquence d'un manque de volonté politique face à des intérêts économiques court-termistes qui perpétuent un modèle de transports inégalitaire et polluant. Nous réaffirmons que le tout-voiture est un non-choix : pour la planète bien évidemment, mais aussi pour notre santé, notre portefeuille, notre bien vivre et pour notre liberté de nous mouvoir comme nous le souhaitons. Nous nous battrons, toujours et partout, pour que nos concitoyens, et même ceux qui ne le sont pas, aient le choix et la liberté de se déplacer.

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