Intervention de Alma Dufour

Séance en hémicycle du lundi 31 octobre 2022 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2023 — Écologie développement et mobilité durables

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlma Dufour, rapporteure spéciale de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Le nouveau rapport du CNRS et de Météo-France, dont j'ai eu l'occasion de parler, est une révolution. En appliquant la méthodologie du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat – Giec – aux données météorologiques observées en France, on observe une hausse des températures de 1,7 degré Celsius en 2022, qui atteindra probablement 3,8 degrés en 2100, même dans l'hypothèse où tous les États s'engageraient dans un effort accéléré de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Cela veut dire que les impacts du changement climatique sont d'ores et déjà 50 % plus sévères qu'estimé jusqu'à présent. Pour rappel, lorsqu'il y a sept ans, nous avons signé l'accord de Paris – j'entrais alors en politique, en m'engageant dans la lutte contre le réchauffement climatique –, les températures devaient augmenter de 1,5 degré en 2100.

Au-delà de chiffres qui ne parlent pas beaucoup, je vais vous indiquer l'impact concret de ce réchauffement. Dans la décennie, un tiers de la population vivant au sud de l'Europe – et donc au sud de la France – sera affecté de façon récurrente par des pénuries d'eau. Au-delà d'une hausse de 3 degrés – situation que nous risquons de connaître d'ici à une trentaine d'années si nous continuons à ce rythme –, ce sont les deux tiers du sud de la France qui connaîtront des pénuries d'eau structurelles, et le manque d'eau se fera extrêmement aigu dans toutes les villes à l'ouest et au sud de la France. Lorsque la hausse des températures atteindra 3,8 degrés, des écosystèmes entiers pourraient disparaître et le paysage agricole en sera drastiquement modifié. Nous perdrons 40 % de notre ressource en eau ; cela signifie une perte brutale de la production alimentaire et un bien-être de la population française fortement dégradé. Nous ne savons plus chiffrer les impacts économiques et sociaux au-delà d'une augmentation de 3 degrés. Nous demanderons d'ailleurs la remise de rapports répondant à cette question.

La mortalité consécutive aux vagues de chaleur sera deux à trois fois plus importante au-delà d'une augmentation de 2 degrés ; au-delà d'une hausse de 3 degrés, nos systèmes de santé risquent de s'effondrer. Je constate que mes propos ne passionnent pas mes collègues mais je continue.

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