Intervention de Géraldine Grangier

Séance en hémicycle du jeudi 3 novembre 2022 à 15h00
Questions au gouvernement — Formation des médecins

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGéraldine Grangier :

Je suis aujourd'hui le porte-parole de Céleste, étudiante en sixième année de médecine. Ceci est la lettre qu'elle vous adresse.

« En me réveillant ce matin, comme tous les externes en médecine de France, je m'apprête à aller en stage à l'hôpital pour apprendre mon futur métier. J'ai appris que tout travail méritait salaire ; cependant, je suis moins payée que le salaire minimum légal prévu pour un stagiaire. C'est illégal mais je l'accepte car mon rêve, c'est d'être médecin. Ce soir, je suis de garde aux urgences : les brancards dans les couloirs, la plainte des patients ulcérés d'attendre, l'angoisse permanente des soignants qui doivent agir en un minimum de temps, avec peu de moyens et la fatigue qui s'accumule… Cette semaine, j'ai travaillé soixante-huit heures, dont deux gardes de vingt-quatre heures.

« Ces études m'ont volé les plus belles années de ma vie : neuf ans de sacrifices, à travailler jour et nuit pour faire le métier de mes rêves. Je me suis donnée corps et âme, j'ai perdu des amis, sacrifié Noëls et anniversaires et mis de côté mes projets de mariage et d'enfant. Aujourd'hui, j'assiste, impuissante, à la chute de l'hôpital public et de ses soignants – dans l'indifférence générale de votre Gouvernement – aggravée par vos choix politiques inadaptés et inefficaces. J'avais pour ambition de devenir un bon médecin généraliste mais, comme des centaines d'autres étudiants en médecine, vous m'avez dégoûtée de ces études.

« Madame la Première ministre, non, l'article 23 visant à ajouter une quatrième année au diplôme d'études spécialisées de médecine générale ne fera pas de nous de bons jeunes médecins. Un bon jeune médecin, c'est un médecin accompagné. Où sont les maîtres de stage dans les déserts médicaux ? Madame la première ministre, qui peut former les étudiants en médecine dans les déserts médicaux : les infirmières, comme cela se pratique déjà dans certains hôpitaux ?

« Madame la Première ministre, non, l'article 25 visant à interdire l'intérim ne résoudra pas le problème du personnel. L'intérim répond au manque de médecins que vous avez créé. Madame la Première ministre, qui comblera le manque de médecins dans les hôpitaux de périphérie si l'intérim est supprimé pour les jeunes diplômés ? »

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