Intervention de Karen Erodi

Séance en hémicycle du mardi 15 novembre 2022 à 15h00
Fonctionnement du marché du travail — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKaren Erodi :

Au moins, il ne devrait pas y avoir de 49.3 sur ce texte, cela nous change ! Il y a toutefois quelque chose qui ne change pas : une fois de plus, nous ne savons pas ce sur quoi nous allons nous prononcer. Comme en première lecture, le Gouvernement réclame les pleins pouvoirs pour réformer à sa guise l'assurance chômage, sans nous dire ce qu'il compte faire. Pour la Première ministre, c'est Noël avant l'heure : un 49.3 par-ci, un blanc-seing par-là. Si le Gouvernement pouvait se passer de l'Assemblée nationale et des partenaires sociaux, il le ferait !

Mais le Gouvernement a-t-il été suffisamment sage pour recevoir de tels cadeaux ? Je crains que non. Le 3 octobre, dans cet hémicycle, M. le ministre disait que ce texte permettra « de proroger les règles en matière d'indemnisation chômage ». Le lendemain, M. le rapporteur abondait en expliquant que la suppression de l'article 1er « aurait pour conséquence très dommageable […] de priver de base juridique l'indemnisation de plus de 2 millions de demandeurs d'emploi. »

C'est un fait, légiférer est nécessaire pour prolonger l'indemnisation chômage. Mais il a suffi d'un décret, publié le 29 octobre dernier, pour prolonger les règles actuelles jusqu'à la fin du mois de janvier. Ce projet de loi n'est donc pas nécessaire : c'est une grossière manipulation ! Vous avez menti devant la représentation nationale et vous osez nous demander un blanc-seing ? Vous avez menti et vous osez nous demander de vous faire confiance pour réformer l'assurance chômage ? Quel mépris pour notre assemblée !

Non, vous n'avez pas été sages. Nous ne vous ferons donc aucun cadeau, d'autant moins que le texte issu de la commission mixte paritaire est pire que le précédent. Aussi, les députés du groupe LFI – NUPES voteront cette motion de rejet préalable. Et permettez-moi de conclure en rappelant les mots de Victor Hugo : « Le travail ne peut être une loi sans être un droit. » Commencez donc par donner du travail aux Français, au lieu de punir ceux qui n'en trouvent pas, ce serait un bien meilleur cadeau pour nos concitoyens !

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