Intervention de Victor Catteau

Séance en hémicycle du mardi 15 novembre 2022 à 15h00
Fonctionnement du marché du travail — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVictor Catteau :

Pourtant, 60 % des entreprises déclarent éprouver des difficultés à recruter, ce qui représente à peu près 400 000 postes à pourvoir, alors même que l'on recense encore plus de 5 millions de chômeurs, dont 3 millions sans aucune activité.

La situation est inédite, mais la seule solution que vous y apportez est la répression. Votre souhait de vous attribuer indûment la capacité de moduler les règles d'indemnisation du chômage en fonction de la conjoncture économique du pays va à l'encontre de toute logique. Pensez-vous sincèrement que la modulation de l'allocation chômage permettra de trouver davantage d'électriciens, de couvreurs, de serveurs, de plombiers ou encore d'aides-soignants ? Croyez-vous sérieusement que faire des économies en catimini, dans le dos des Français, en rognant autoritairement sur les allocations chômage, n'impactera pas leur pouvoir d'achat ?

En vérité, je ne peux pas croire que vous n'ayez pas réfléchi aux conséquences néfastes qu'induirait un pareil dispositif. Je pense que votre indifférence à l'égard de nos compatriotes est révélatrice du manque de considération que vous leur portez. On reconnaît bien là votre philosophie qui consiste à percevoir les chômeurs comme des personnes ne voulant pas travailler et sur lesquelles il faut taper encore et toujours plus. Or, ne vous en déplaise, les demandeurs d'emploi ne sont ni des fainéants, ni des profiteurs. Non, le chômage n'a rien de plaisant. Le chômage est au contraire le plus souvent vécu comme un véritable échec. Plus qu'une perte d'emploi, il est la perte de son identité sociale même et la source d'un profond mal-être ainsi que d'une immense souffrance.

Nous ne partageons évidemment pas votre indifférence devant la souffrance de la grande majorité de nos concitoyens privés d'emploi, mais mes propos ne concernent pas l'infime minorité qui abuse du système et face à laquelle nous devons, en effet, nous montrer extrêmement fermes.

Nous approuvons donc l'idée de priver d'indemnisation chômage les salariés refusant par deux fois un CDI qui leur est proposé. Nous voyons mal, en effet, comment œuvrer en faveur de la pérennisation nécessaire des emplois tout en acceptant que certains se contentent de cumuler les CDD. De la même manière, nous approuvons le principe de présumer démissionnaire tout salarié abandonnant son poste, car il n'est clairement pas acceptable qu'il puisse, comme c'est le cas aujourd'hui, percevoir indûment une allocation chômage après sa démission.

Toutefois, au nom du soutien à la pérennisation des emplois, nous ne pouvons que nous montrer hostiles à la volonté, contraire à la lutte contre la précarité de l'emploi, de supprimer la limite des trente-six mois applicable aux missions d'intérim.

La situation inédite que nous vivons n'est pas le simple fait du hasard. La sévère pénurie de main-d'œuvre à laquelle font face des secteurs entiers – hôtellerie, restauration ou tourisme, par exemple – ne peut en effet être due à la simple conjoncture économique.

Nous ne partageons évidemment pas l'avis de François Mitterrand qui a dit que « contre le chômage, on a tout essayé ». Nous pensons qu'il existe des solutions, mais vous refusez de les écouter.

Vous auriez pu, comme le proposait Marine Le Pen, permettre aux entreprises d'augmenter les salaires de 10 % jusqu'à trois fois le montant du Smic en exonérant cette hausse de charges patronales ,

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