Intervention de Julie Laernoes

Séance en hémicycle du mercredi 16 novembre 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la politique énergétique de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulie Laernoes :

C'était le sens de la proposition de notre collègue Éva Sas, adoptée démocratiquement dans cette enceinte, plébiscitée par la société civile et confortée par tous les scénarios des experts. Seul ce choc d'investissement, chiffré par des experts à 29 milliards d'euros annuels, nous permettra d'y arriver. Comme nous l'avons déjà fait dans les années 1970 pour le nucléaire, devenons champions d'une filière industrielle de la rénovation. Création d'emplois, formation des artisans, travail avec le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) pour créer une filière durable et essentielle : voilà le seul bouclier soutenable et structurel qui protégera tous les ménages, tous nos services publics, ainsi que les TPE-PME face à la volatilité des prix.

En ce qui concerne les transports, nous sommes toujours soumis à la dépendance à la voiture individuelle et au pétrole, et donc à la spéculation des marchés. Vous subventionnez l'utilisation de la voiture thermique de manière inconditionnelle et indifférenciée, sans tenir compte des utilisations et des disparités sociales colossales. Ce choix dispendieux profite aux plus riches et maintient les plus précaires dans la vulnérabilité face à la hausse des prix des carburants. Remplacer les véhicules individuels thermiques par des véhicules individuels électriques ne suffira pas : nous consommerons toujours la même quantité d'énergie et les plus précaires seront laissés pour compte. Vous avez vous-même évoqué l'objectif de réduction de 40 % de nos consommations énergétiques d'ici à 2050, madame la Première ministre. Comment l'atteindrons-nous sans entamer la sobriété dans les transports ? Là encore, nous avons les solutions : elles passent par le déploiement massif des transports en commun dans tous les territoires, du train du quotidien et des mobilités douces. Pour les transports aussi il nous faut un choc, afin de donner une solution alternative réelle à la voiture individuelle à toutes celles et ceux qui ne peuvent pas s'en passer aujourd'hui.

Au concept de sobriété, vous répondez ébriété et nucléaire. Faire croire aux Français qu'avec le nucléaire ils auront accès à une énergie peu coûteuse est un mensonge, et vous le savez. Il faudra au minimum quinze ans pour espérer construire un nouveau réacteur. S'agira-t-il d'un EPR2, d'un EPR3 ? Utilisera-t-il de l'uranium 235 ? De l'uranium 238 ? Flamanville est un échec cuisant qui nous coûte – excusez l'expression – « un pognon de dingue ». Et pendant quinze ans on fait quoi, madame la Première ministre ? Pour les factures d'électricité ? On prie ? On croit, de manière infaillible, que la filière nucléaire nous sauvera de la crise énergétique et payera la facture des Françaises et des Français ? La moitié de notre parc est à l'arrêt aujourd'hui. Nous sommes le 16 novembre ; EDF s'était engagé à rouvrir tous les réacteurs cet hiver. Où en sont ces promesses ?

Vous avez parlé de deux jambes, en matière de transition énergétique.

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