Intervention de Arnaud Erbin

Réunion du 17 novembre 2016 à 14h15
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Arnaud Erbin, directeur international d'Engie, accompagné de M. Philippe Hochart, directeur de projet à la direction internationale, et de Mme Valérie Alain, directrice des relations institutionnelles :

C'est un honneur et une obligation pour une entreprise comme Engie de répondre présente lorsqu'une mission comme celle que vous présidez l'interpelle, et ce d'autant plus que l'Azerbaïdjan est stratégique pour une entreprise dont une part importante de l'activité se déploie dans le domaine du gaz.

Si l'Azerbaïdjan est stratégique, c'est non seulement du fait de ses très importantes réserves gazières mais également du fait de sa localisation géographique. Il a en effet permis d'ouvrir le corridor Sud, que l'Union européenne appelait de ses voeux et qui permet une diversification non seulement des sources mais également des routes d'approvisionnement – en l'occurrence via les gazoducs transanatolien (TANAP) et transadriatique (TAP) –, ce que toute entreprise telle qu'Engie, attachée à la fois à une saine concurrence et à la sécurité d'approvisionnement dans la durée, voit d'un oeil extrêmement favorable.

Pour resituer la présence de notre groupe en Azerbaïdjan dans une perspective historique et stratégique, Engie est une entreprise de 155 000 collaborateurs, dont les deux tiers basés en France. Nous déployons notre activité dans soixante-dix pays, probablement le double si l'on compte les pays dans lesquels nous avons une activité d'ingénierie et des activités de service.

Nous sommes très actifs en matière de recherche et développement, l'accent étant mis de plus en plus, du fait de la révolution énergétique, sur les nouvelles technologies plutôt que sur les grands systèmes centralisés, comme c'était le cas auparavant. Cette orientation a naturellement un impact indirect sur la dimension de nos ambitions en Azerbaïdjan.

Sur la période 2016-2018, les investissements d'Engie se montent à 22 milliards d'euros – 7 milliards consacrés à la maintenance et 15 milliards au développement. C'est un montant considérable mais néanmoins en baisse par rapport à ce que le groupe investissait il y a quelques années, ce qui s'explique par les difficultés que traverse le secteur européen de l'énergie et qui touchent l'ensemble de nos confrères. En 2015, notre chiffre d'affaires était de 70 milliards d'euros.

Les activités d'Engie sont structurées autour de trois métiers. Le premier regroupe les services à l'énergie, représente 16 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploie près de 100 000 personnes. Regroupées dans des sociétés comme Engie Cofely et Engie Ineo, ce sont sans doute les activités les moins capitalistiques du groupe ; elles englobent tout ce qui a trait à l'efficacité énergétique, à la vente d'énergie, aux réseaux urbains de chaleur et de froid et à la gestion de nos clients, qui sont plus de vingt millions dans le monde. Bien que ce ne soit pas notre métier le plus connu, nous sommes néanmoins leader mondial dans le domaine : nous y tenons, car travailler dans l'énergie aujourd'hui, ce n'est plus seulement vendre de l'énergie mais également assurer les services qui vont avec.

Notre deuxième métier se déploie dans le secteur de l'électricité. Si notre renommée en la matière est moindre que celle d'une autre grande entreprise française, nous sommes néanmoins le premier producteur indépendant d'électricité dans le monde et le premier producteur d'éolien et de solaire en France. Au total, nous opérons avec une capacité de 117 gigawatts, soit à peu près l'équivalent de notre grand concurrent français, ce qui représente un peu plus que la capacité installée en France, sachant parallèlement que nous nous orientons de plus en plus vers les énergies renouvelables.

Notre troisième métier, celui qui intéresse le plus votre mission d'information, s'opère dans le secteur du gaz naturel, sur l'ensemble de la chaîne de valeur, de l'exploration à la production – c'est le cas, par exemple en Azerbaïdjan, où nous avons une participation dans le champ de la presqu'île d'Apchéron. Nous sommes présents dans le stockage, le transport, la distribution, les terminaux méthaniers, le gaz naturel liquéfié (GNL) et, bien sûr, dans l'approvisionnement, c'est-à-dire qu'indépendamment du fait que nous produisions du gaz et du pétrole, nous signons également des contrats d'approvisionnement en gaz et en GNL.

Concernant ce dernier point, le groupe croit depuis longtemps, en effet, que le marché du GLN est amené à se développer plus rapidement que le marché du gaz dans son ensemble et plus rapidement que la consommation globale d'énergie, ce qui va entraîner une évolution majeure du secteur et constitue un facteur déterminant de notre stratégie en Azerbaïdjan.

Tandis qu'autrefois le monde gazier était un monde de gazoducs, la part du GNL a tendance à s'accroître et ses producteurs sont de plus en plus nombreux, que ce soient les États-Unis avec le gaz de schiste (shale gas), le Qatar ou l'Australie, qui accroissent leurs capacités. Pour une entreprise comme la nôtre, essentiellement active sur l'aval ou le milieu de la chaîne de valeur, c'est une situation favorable, puisque elle génère un surcroît d'offre, donc un surcroît de compétition, ce qui nous permet de négocier les prix. Plus globalement d'ailleurs, on constate une évolution des prix du pétrole et du gaz plutôt à la baisse.

Le développement du GNL a en outre un deuxième effet, dans la mesure où il tend à créer un marché mondial du gaz, alors qu'historiquement on parlait plutôt de marchés régionaux organisés autour de prix différents : ainsi, alors qu'il y a quelques années, les prix du marché européen étaient deux fois ceux du marché américain, et ceux du marché asiatique deux fois ceux du marché européen, on assiste aujourd'hui, grâce au GNL, à un rééquilibrage et à une homogénéisation des prix.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion