Intervention de Nicolas de Rivière

Réunion du 23 juillet 2014 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Nicolas de Rivière, directeur général des affaires politiques et de sécurité du ministère des Affaires étrangères et du Développement international, sur la crise au Proche-Orient et en Ukraine :

Je remercie la représentation nationale de m'avoir invité. Je me suis déjà fréquemment exprimé devant vous au titre de mes fonctions précédentes de directeur des Nations unies et des organisations internationales. En tant que directeur général des affaires politiques et de sécurité, mon rôle consiste à coordonner l'action du ministère sur l'ensemble des sujets de politique étrangère bilatéraux et multilatéraux, en particulier sur les crises.

J'espère répondre à vos attentes, mais j'en appelle à votre indulgence : j'ai pris mes fonctions le 28 mai, c'est-à-dire il y a sept semaines, et j'ai dû en passer environ cinq à Vienne à négocier avec les Iraniens sur le dossier nucléaire, dont je pourrai vous dire quelques mots. Plongé sans discontinuer dans ce colloque quelque peu monacal, je n'ai été présent à mon bureau que de manière épisodique. Je m'efforcerai de vous donner une appréciation personnelle et subjective de la situation, de vous faire part de l'état d'esprit du ministre et de rappeler ce que nous souhaitons obtenir.

Les crises au Proche-Orient et en Ukraine ont été les deux sujets principaux à l'ordre du jour du Conseil Affaires étrangères hier à Bruxelles. Les événements actuels en Israël et à Gaza ne sont pas vraiment une surprise. Mais ils sont d'autant plus regrettables que, depuis la fin de l'opération « Plomb durci » en 2009, nous avons connu près de quatre années de situation sécuritaire relativement apaisée, notamment en Cisjordanie, ce qui était sans précédent. Certes, quelques incidents graves se sont produits au cours de cette période, et le processus de paix n'a pas progressé, malgré les espoirs suscités l'année dernière par les efforts du secrétaire d'État américain John Kerry, que nous avons résolument soutenus.

Nous sommes revenus à la case départ : cette négociation s'est achevée par un nouvel échec il y a deux mois ; puis, à la suite de l'enlèvement et de l'assassinat de trois jeunes Israéliens et des rétorsions qu'ils ont suscités, le Hamas a procédé à des tirs de roquette sur Israël, qui a lancé une offensive militaire très dure à Gaza. L'armée israélienne a désormais les moyens de neutraliser en amont les roquettes du Hamas, qui font malgré tout de nombreuses victimes. En outre, elle a engagé des actions très fortes qui visent à éradiquer, si possible, le Hamas. Bien que tous les experts militaires expliquent qu'il sera techniquement très difficile d'atteindre cet objectif, en tout cas à court terme – les militaires israéliens le savent d'ailleurs très bien –, le gouvernement israélien apparaît pour le moment déterminé à mener cette action à son terme, notamment à détruire tous les tunnels qui permettent au Hamas de s'approvisionner en armes, en munitions, en matériel et en nourriture.

La situation sur le terrain est tragique. Le bilan des pertes humaines est celui que vous avez rappelé, madame la présidente. Nous assistons à un débat tout à fait classique : chacune des deux parties prétend ne viser que les combattants de l'autre partie, mais les victimes civiles sont très nombreuses. Cela tient notamment au fait que les combattants du Hamas pratiquent une forme de guérilla urbaine.

Les différentes chancelleries se sont fortement mobilisées. M. Fabius s'est rendu en Égypte, en Israël et en Jordanie vendredi, samedi et dimanche derniers. Il a rencontré la plupart des acteurs, notamment le président Mahmoud Abbas au Caire et le premier ministre Benyamin Netanyahou à Tel Aviv. La France est en première ligne. Elle essaie de contribuer à une sortie de crise : elle cherche à obtenir un cessez-le-feu, un accès humanitaire et la reprise du processus de négociation, avec une levée du blocus de Gaza en échange d'une sécurité effective pour les Israéliens. La position française est classique et bien connue : nous condamnons les tirs de roquette du Hamas et nous reconnaissons le droit d'Israël à assurer sa propre sécurité. Dans le même temps, nous demandons trois choses aux Israéliens : répondre de manière proportionnée à la menace, respecter le droit international humanitaire et cesser leur opération le plus rapidement possible. La visite de Laurent Fabius a été moyennement encourageante sur ce dernier point : le premier ministre israélien est apparu tout à fait déterminé à mener l'opération à son terme et à en finir une fois pour toutes avec le Hamas.

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