Intervention de Nicolas de Rivière

Réunion du 23 juillet 2014 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Nicolas de Rivière, directeur général des affaires politiques et de sécurité du ministère des Affaires étrangères et du Développement international, sur la crise au Proche-Orient et en Ukraine :

En principe, non.

La France soutient l'initiative de paix égyptienne, qui a également été approuvée par la Ligue arabe, par le Conseil de sécurité et par l'ensemble des partenaires. Selon nous, il s'agit de la seule issue possible.

La situation au Liban est une de nos principales préoccupations. La France est l'un des rares pays à rappeler systématiquement la dimension libanaise des crises régionales. Pour l'instant, si l'on excepte quelques roquettes tirées sur le nord d'Israël à partir des territoires situés de l'autre côté de la « ligne bleue », la crise à Gaza n'a pas eu d'effet sur la relation entre Israël et le Liban. Souhaitons que cela demeure le cas, car la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) ne pourrait pas faire grand-chose si un nouveau front s'ouvrait à cet endroit.

En revanche, la crise syrienne a un impact majeur sur le Liban. Heureusement, depuis trois ans, les autorités libanaises mènent une politique de distanciation courageuse et relativement efficace, afin d'éviter que le pays ne se trouve happé par cette crise. Cependant, on touche aux limites de cette stratégie, pour toutes les raisons que vous avez évoquées, monsieur Baumel, en particulier la présence de 2,5 millions de réfugiés et la paralysie du système politique libanais, avec le report de l'élection présidentielle. Il est donc nécessaire d'aider le Liban. La France y veille et consacre une grande partie de ses modestes moyens financiers et humanitaires au traitement des conséquences des crises régionales sur le Liban. Ainsi, notre aide va principalement aux réfugiés syriens, ainsi qu'à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour l'action qu'il mène au Liban.

La Turquie joue un rôle majeur et exerce une influence croissante dans la région. Cependant, sa relation avec Israël est désormais dégradée : les déclarations récentes de M. Erdogan, compliquent toute initiative turque pour le court terme.

Vous avez raison, monsieur Myard : la situation à Gaza est une bombe à retardement.

S'agissant de la demande d'enquête internationale formulée par le groupe arabe dans le cadre du Conseil des droits de l'homme à Genève, notre position est la suivante : nous estimons que les Nations unies disposent d'un mandat évident pour traiter de cette crise, et cela vaut non seulement pour le Conseil de sécurité et pour le Secrétaire général, mais aussi pour les enceintes compétentes en matière de droits de l'homme. Nous soutenons ces enceintes et jugeons normal qu'elles se saisissent du sujet. De plus, nous n'avons en théorie pas d'objection à ce que les outils d'investigation des Nations unies soient utilisés au Proche-Orient. Néanmoins, ces outils n'apporteront guère de solution pérenne : ils traiteront davantage les symptômes de la crise que ses causes profondes. En l'espèce, nous voterons en faveur de la résolution proposée par le groupe arabe à condition qu'elle soit parfaitement équilibrée et utile. Si tel n'est pas le cas, nous nous abstiendrons.

L'aide humanitaire française est largement mobilisée aux crises, notamment en Syrie, au Mali et en République centrafricaine. Le budget humanitaire du Quai d'Orsay est insuffisant : il est généralement dépensé dès le mois de mai ou de juin. Nous faisons avec les très faibles moyens dont nous disposons.

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