Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 14 mai 2014 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous accueillons ce matin deux personnalités qui ont exprimé publiquement des positions différentes, mais modérées et argumentées, sur la situation en Ukraine.

M. Andreï Gratchev est historien, politologue et journaliste. Il a joué un rôle politique important en tant que conseiller et porte-parole de M. Gorbatchev, juste avant la disparition de l'Union soviétique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages portant sur cette période et sur l'expérience gorbatchévienne. Dans la tribune très intéressante qu'il a publiée il y a quelques jours dans Le Monde, il considère que l'Union européenne a eu grandement tort de ne pas associer la Russie à la discussion de l'accord d'association avec l'Ukraine. J'estime moi aussi que l'Union européenne a commis des erreurs dans sa politique de voisinage, en offrant à tous les pays le même modèle d'accord, centré sur un volet économique et commercial très exigeant, et en ignorant leurs spécificités et leurs intérêts propres, ainsi que ceux des autres puissances, notamment de leur grand voisin russe. Cette légèreté n'excuse pas néanmoins l'attitude de la Russie en Ukraine, que nous critiquons vigoureusement.

À l'instar de M. Gratchev, M. Thorniké Gordadzé mène une carrière universitaire et dispose en même temps d'une expérience politique. Il a notamment travaillé pour le centre d'analyse, de prévision et de stratégie du ministère des affaires étrangères. Il a dirigé l'Observatoire du Caucase, antenne de l'Institut français d'études anatoliennes basée à Bakou. Par ailleurs, il a négocié pour le compte du gouvernement géorgien un rapprochement avec l'Union européenne et l'OTAN, et il a été ministre de l'intégration européenne et euro-atlantique de Géorgie de 2010 à 2012. Il a publié plusieurs articles aux titres révélateurs sur la crise ukrainienne : « L'heure de vérité pour l'Union européenne » ou encore « L'Occident ne doit pas avoir peur de Moscou ». Il estime que l'Union devrait avoir le courage d'offrir aux pays du Partenariat oriental des perspectives claires d'adhésion, et établit un parallèle entre la crise ukrainienne et la guerre russo-géorgienne de 2008. Selon moi, le manque de clarté quant aux perspectives d'adhésion a constitué une des erreurs du Partenariat oriental. Mais dans quel sens cette clarification doit-elle se faire ? En tout cas, la France ne fait pas partie des pays qui sont favorables à une poursuite de l'élargissement de l'Union sans une réforme et un approfondissement préalables de celle-ci.

Quelle analyse faites-vous, messieurs, de la crise entre la Russie et l'Ukraine ? Quelles en sont les causes lointaines ou conjoncturelles ? Comment en sortir par le haut ? La solution ne peut être que politique, pas militaire – tout le monde écarte, fort heureusement, la perspective d'un conflit armé. Quelle attitude la France et l'Union européenne devraient-elles adopter ?

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