Intervention de Yves Censi

Séance en hémicycle du 9 juillet 2014 à 15h00
Débat d'orientation sur les finances publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Censi :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission des finances, une réduction limitée des déficits très en deçà des objectifs fixés, une situation actuelle des finances publiques préoccupante, une dette qui continue d’augmenter, des comptes publics plus dégradés que ceux de la moyenne européenne, des prévisions de déficit qui risquent d’être dépassés, et l’absence de réformes structurelles pour enrayer le dérapage de la dépense publique : tel est le constat, accablant et sans appel, qu’a dressé le Premier président de la Cour des comptes lorsqu’il a été auditionné par la commission des finances de notre assemblée.

Au même moment, monsieur le ministre des finances, monsieur le secrétaire d’État chargé du budget, vous vous félicitiez au Conseil des ministres d’une « amélioration notable et structurelle des finances publiques, d’une maîtrise des dépenses publiques et de la cohérence et de la crédibilité de la stratégie gouvernementale ».

Votre aplomb n’a d’égal que votre déni face à l’échec de votre politique. Les satisfecit que vous vous adressez n’ont pour contrepartie aujourd’hui qu’une inertie irresponsable, qui conduit chaque jour un peu plus notre pays vers ce qui ressemble à une catastrophe économique et sociale.

Malgré tout, vous restez optimistes. Vous êtes bien les seuls : 80 % des Français ne sont pas confiants, quand 80 % des Allemands ont une grande confiance dans leur gouvernement. La Commission européenne, le Haut conseil des finances publiques et la Cour des comptes ne le sont pas davantage. En effet, toujours le même scepticisme règne du côté de la rue Cambon sur vos prévisions de déficit et de croissance. Vous tabliez sur 3,6 % de déficit, vous annoncez finalement 3,8 % et la Cour des comptes l’estime à 4 % au mieux, si et seulement si votre prévision de croissance était la bonne.

Mais, là encore, comme vous l’avez surestimée, puisque de 1 % elle se réduira comme peau de chagrin à 0,4 %, le déficit dérapera encore forcément cette année. La prévision du déficit n’est pas affaire de prédiction et la méthode Coué n’a pas sa place en matière de croissance.

Cette année encore, vos objectifs gouvernementaux ont, vous me pardonnerez l’expression, du plomb dans l’aile : au minimum 5,3 milliards d’euros de recettes fiscales en moins ont, en effet, de quoi ralentir sérieusement une trajectoire, que vous nous annonciez toute tracée.

Du côté des dépenses, les délestages intempestifs auxquels vous procédez en cours d’année et, surtout, le faible niveau de l’inflation et la baisse de la charge d’intérêts de la dette vous permettent peut-être de maintenir à peu près le cap cette année, mais gare aux imprévus qui provoqueraient de dangereuses secousses ! Et je ne parle même pas des 21 milliards d’économies que vous projetez de réaliser en 2015, dans le cadre du plan de 50 milliards d’économies sur la période 2015-2017, qui resteront malheureusement un voeu pieu, irréalisable en l’absence de profondes réformes.

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