Intervention de Dominique Le Mèner

Séance en hémicycle du 12 février 2015 à 9h30
Questions orales sans débat — Lutte contre la désertification médicale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Le Mèner :

Je voulais appeler l’attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les fractures territoriales qui ne cessent de s’aggraver entre les territoires périurbains ou ruraux et les autres, particulièrement les grandes villes ou les villes du littoral, fractures qu’illustre particulièrement la démographie médicale. En effet, beaucoup de ces territoires périurbains ou ruraux risquent, à très court terme, de devenir des déserts médicaux, ce qui creusera davantage le fossé qui les sépare des zones du littoral, à la démographie médicale dynamique, ou des métropoles universitaires. Ce fossé risque d’ailleurs de se creuser encore très prochainement avec la loi Macron, qui libéralise l’installation : après leurs médecins, les territoires ruraux risquent de voir disparaître leurs professionnels juridiques, au profit des zones urbaines. Une désertification est donc à craindre.

À titre d’exemple, dans le département de la Sarthe, pour une moyenne de 7,2 médecins pour 10 000 habitants, il manque 180 médecins généralistes. Notre voisin le Maine-et-Loire compte pour sa part en moyenne 10,1 médecins pour 10 000 habitants, et la moyenne nationale se situe environ à 10. Cependant, ces moyennes masquent d’inquiétants contrastes. Ainsi, avec 8,9 médecins pour 10 000 habitants, l’agglomération du Mans est un peu mieux lotie que le reste du département, et d’autres secteurs subissent une vraie désertification : par exemple, La Ferté-Bernard-Bonnétable ne compte que 4,5 médecins pour 10 000 habitants, et la commune de Saint-Cosme-en-Vairais vient de voir partir son dernier généraliste.

Cette désertification s’aggrave, les contrastes sont évidents et le défi qui nous est lancé pour les prochaines années l’est tout autant, car, face à une population vieillissante, le remplacement des médecins approchant de la retraite devient une priorité pour de nombreux territoires, notamment ruraux ou périurbains. Ainsi, dans le secteur de Saint-Calais, où il existe un hôpital de proximité, il y a environ 7 médecins pour 10 000 habitants, mais parmi eux, 4 sont âgés de plus de 62 ans et approchent donc de la retraite. Au-delà de ce maillage du territoire, on n’est plus capable d’installer de nouveaux médecins et l’égal accès aux soins n’est plus possible.

Le conseil général de la Sarthe tente depuis plusieurs années d’apporter des réponses concrètes et pragmatiques à ces défis. Il crée des bourses d’études pour les futurs médecins, finance des maisons médicales et offre des aides à l’accompagnement et à l’installation. Cela porte ses fruits, mais n’est bien évidemment pas suffisant. Il est donc nécessaire que cette question soit traitée au niveau national.

C’est la raison pour laquelle je souhaiterais que vous me fassiez part des intentions de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur cette question cruciale pour l’avenir de notre pays.

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