Intervention de Jacques Myard

Réunion du 20 mai 2015 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Je vous remercie de nous avoir rappelé que l'histoire est sans fin et que Fukuyama et quelques Américains avaient vendu des billevesées. Les soldats et la politique marchent ensemble. Il faut être prêt, mais effectivement on ne peut pas avoir de véritable doctrine. Sauf qu'aujourd'hui la France est engagée dans de multiples alliances et que par certains côtés elle en est prisonnière. En Afghanistan, nous avons attaqué un Etat alors que les Etats-Unis étaient attaqués par un groupe et le recours à l'article 5 était contesté, de nombreux spécialistes et non des moindres ont considéré que c'était limite. On y est allés pour des raisons politiques et on y est resté à la demande des Etats-Unis alors qu'on aurait dû partir tout de suite.

Il faut garder l'article 51 de la Charte des Nations Unies, qui pose le droit à la légitime défense individuelle ou collective. C'est la base de l'intervention en Irak et au Mali. L'opération à Kolwezi visait à exfiltrer des otages puis à se retirer. Elle a été montée dans des conditions difficiles car il n'y avait pas les moyens d'aujourd'hui mais elle illustre le principe d'exfiltration.

La politique européenne, c'est « En attendant Godot ». Il n'est pas sérieux de penser qu'on peut intervenir à 28. Le danger est qu'avant d'opérer de frappes militaires, on prend des sanctions. C'est redoutable car la décision doit être prise à 28 et il faut ensuite l'accord des 28 pour les lever. On est prisonnier de nos alliances multiples alors qu'on devrait avoir les mains libres.

Je suis d'accord sur l'importance du scénario de sortie, qui l'aspect le plus difficile à mettre en oeuvre. Quand nous étions en Libye avec Jean Glavany, nous avons compris ce qu'était ce pays. Kadhafi s'en servait comme d'une ferme et lorsqu'il est parti, tout s'est effondré. Il n'y a pas de solution sans une assistance à la reconstruction d'un Etat.

L'ordre, ce n'est pas le rôle de l'armée. On n'échappera pas à la reconstitution d'une garde nationale, avec les communes et les territoires, ce qui permettra aussi de redonner un sens civique. L'armée n'est pas faite pour ça.

Tout cela me rappelle la formule d'Alan Greenspan, au sortir d'un exposé : « Si vous avez compris, c'est que je me suis mal exprimé ». Vous identifiez cinq critères, mais il y a toujours des situations nouvelles qui peuvent en ajouter.

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