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Bérengère Poletti
Question N° 71126 au Secrétariat d'état au commerce


Question soumise le 16 décembre 2014

Mme Bérengère Poletti attire l'attention de Mme la secrétaire d'État, auprès du ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, chargée du commerce, de l'artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire sur la situation particulièrement préoccupante des débitants de tabac de son département, les Ardennes, frontalier avec la Belgique et proche du Luxembourg. En effet, après les augmentations successives des taxes, les différences de prix entre la France et le reste de l'Europe sont tellement importantes qu'elles favorisent un fort développement des ventes transfrontalières. Les conséquences de ces « ventes transfrontalières » sur le réseau des buralistes, notamment en milieu rural, a déjà mis bon nombre de ces commerces de proximité en péril et risque de causer la perte des derniers. Les ventes de tabac des buralistes français n'ont pas cessé de baisser ces dernières années, mais cette réduction des ventes ne va pas forcément de pair avec la réduction du nombre de fumeurs sur le territoire français. En effet, il faut bien avoir conscience qu'il existe une distorsion entre les ventes officielles et la consommation réelle. La différence entre les deux provient d'achats dits « hors circuit ». Il s'agit en partie de contrebande, mais pour l'essentiel, de cigarettes achetées à l'étranger. Avec le projet du Gouvernement d'imposer des paquets neutres et une nouvelle hausse des prix du tabac, quel sera l'avenir des débitants de tabac en France ? Chaque année le nombre des buralistes qui ferment leur commerce ne cesse d'augmenter. En 2002, 473 commerces ont fermé, 722 en 2013 et à la fin du mois d'octobre 2014 on comptabilisait déjà 840 fermetures. Aussi, au vu de ces éléments, elle lui demande d'une part les mesures que le Gouvernement envisage de prendre afin d'aider les buralistes (notamment les buralistes frontaliers), et d'autre part les mesures visant à relancer le processus d'harmonisation européenne de la fiscalité sur le tabac.

Réponse émise le 17 février 2015

La réduction de la prévalence tabagique, notamment auprès des plus jeunes consommateurs, demeure une priorité du Gouvernement en matière de politique de santé publique. Ces dernières années, les hausses de prix du tabac ont notamment eu pour effet de provoquer une diminution progressive des volumes de vente de tabac depuis 2002, avec un effet direct sur la consommation de tabac dans notre pays. Parallèlement, afin de contenir les achats illicites réalisés en dehors du réseau des buralistes, la lutte contre la contrebande de tabac et les achats transfrontaliers illégaux constitue une priorité d'action pour la direction générale des douanes et droits indirects. En 2013, les services douaniers ont ainsi saisi 430 tonnes de tabac de contrebande, soit une progression de 16 % par rapport à l'année précédente. Pour lutter contre le marché parallèle, le Gouvernement, avec la circulaire du 3 septembre 2014, a abaissé de 10 à 4 cartouches de cigarettes les quantités indicatives que peut détenir un particulier pour sa consommation personnelle. La législation nationale prévoit que les tabacs acquis dans un autre État de l'Union européenne par un particulier et qui ne sont pas destinés à sa consommation personnelle sont soumis au paiement des minima de perception du droit de consommation prévus à l'article 575 A du code général des impôts (CGI), soit 210 € pour 1 000 unités de cigarettes depuis le 1er janvier 2014, sans préjudice des sanctions prévues aux articles 1791, 1791 ter et 1810 du même code. Ces dernières peuvent consister en une pénalité, représentant une à cinq fois le montant des droits fraudés, une amende pouvant atteindre 750 €, ainsi que la confiscation des tabacs et une peine d'un an d'emprisonnement. Le Gouvernement a également annoncé un renforcement de la lutte contre les achats et ventes de tabacs par internet par la mise en oeuvre d'un plan d'action spécifique. Le premier axe de ce plan a nécessité une évolution législative de l'article 568 ter du CGI, adoptée au Parlement dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2014, pour interdire non seulement la vente de tabac à distance, mais également son acquisition lorsque la vente est transfrontalière. Le second axe repose sur un dispositif de contrôles plus efficace grâce à un partenariat renforcé avec les opérateurs de fret express et postal. Parallèlement, l'État reste particulièrement attentif à la situation des buralistes. Les contrats d'avenir signés avec la confédération nationale des buralistes ont pleinement joué leur rôle de soutien à l'activité des débitants de tabac depuis 2003. Le contrat en cours prévoit une augmentation annuelle de la rémunération nette, liée à la vente de tabac sur la période 2012-2016. Cette rémunération passera de 6,5 % à 6,9 % du chiffre d'affaires tabac sur la durée du contrat pour les produits autres que les cigares et cigarillos, pour lesquels le taux net de la rémunération est de 7 %. Par ailleurs, les diverses aides à l'activité ou à la reconversion ont été reconduites, en privilégiant notamment les débitants les plus en difficulté ou frontaliers. Avec la mise en place d'une prime de service public de proximité d'un montant maximal de 1 500 € par an, ce contrat consacre également le rôle des buralistes, qui constituent le premier réseau de commerces de proximité, notamment en zone rurale. Ainsi, en 2012 et 2013, au titre des deux premières années de la mise en oeuvre du troisième contrat d'avenir, les diverses aides de l'État représentent un montant total de près de 180 M€ pour l'ensemble des débitants de tabac.

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