Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du jeudi 25 mai 2023 à 15h00
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

Nous avons commencé d'avoir ce débat en commission mais nous n'avons pas pu l'achever, d'autant que j'ai dû me déplacer en Guyane pour rendre les honneurs funèbres militaires à l'adjudant-chef Guy Barcarel, qui était précisément sous-officier commissionné. Je tiens ici à saluer sa mémoire.

La réponse que j'avais donnée ne vous avait peut-être pas paru satisfaisante et je vais vous fournir d'autres éléments, maintenant que je dispose d'informations supplémentaires.

Tout d'abord, il m'apparaît que le statut de sous-officier est plus favorable que celui d'homme du rang, pour des raisons d'indemnités et d'indice dont nous parlerons suffisamment dans la suite de nos débats. Vous êtes en réalité le premier à poser la question en ces termes. Personne n'est lésé dans le système actuel. Mieux vaut en effet être directement embauché en tant que sergent plutôt qu'homme du rang.

Ensuite, votre amendement pose la question de la spécificité de la légion étrangère. Vous savez qu'il y a en Guyane deux régiments de l'armée de terre : le 3e régiment étranger d'infanterie (REI), dans lequel servait l'adjudant-chef Barcarel – lors de votre déplacement, vous avez croisé des militaires participant à l'opération Harpie qui en étaient membres – et le 9e régiment d'infanterie de marine (Rima), qui concourt aussi à cette opération mais qui est davantage orienté vers la sécurisation du centre spatial guyanais.

La légion étrangère a, pour des raisons historiques bien établies, un système de recrutement propre. Tout soldat du rang servant dans ce corps doit passer par Aubagne ou Castelnaudary. Pour la plupart de nos concitoyens guyanais, amérindiens notamment comme l'était Guy Barcarel, faire un aller-retour dans l'Hexagone pour passer les entretiens nécessaires avant de devenir homme du rang n'a pas de sens, d'autant que les marsouins n'ont pas à se soumettre à cette condition. D'après les éléments qui nous ont été communiqués, la pratique s'est instituée de les embaucher sous le statut de sous-officier pour leur éviter un tel voyage.

Pour être complet sur cette question, intéressante tant intellectuellement qu'humainement, demandons-nous enfin si le poste de piroguier appelle un statut d'homme du rang – de caporal, puis de caporal-chef – ou plutôt de sous-officier. Ce débat de terrain n'est pas tranché. Certains des légionnaires que j'ai rencontrés estiment ainsi que le statut de sous-officier est adapté, compte tenu de la dangerosité de cette activité, des connaissances topographiques et géographiques des cours d'eau guyanais qu'elle requiert et des relations avec nos compatriotes amérindiens qu'elle nécessite, quand d'autres pensent qu'il ne faut pas se priver des compétences d'hommes du rang.

Voici donc, monsieur Lachaud, le retour que je vous avais promis après nos échanges en commission. Les modifications que vous proposez prenant place dans le rapport annexé, elles n'auraient pas d'incidence normative. Le droit conventionnel, qui s'applique aussi en Guyane, permet de recruter un soldat du rang. Reste que le problème que vous soulevez se pose différemment pour le REI et pour le Rima.

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