Intervention de Aude Luquet

Réunion du mardi 12 mars 2024 à 21h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAude Luquet :

Le report des élections en Nouvelle-Calédonie a pour but de garantir aux acteurs et responsables locaux le temps nécessaire pour trouver un chemin commun, maintenant que le processus de l'accord de Nouméa est achevé. Les trois consultations d'autodétermination successives ont vu le « non » l'emporter à chaque fois, ouvrant une nouvelle page de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie.

Échangeant régulièrement avec des membres de ma famille qui sont installés en Nouvelle-Calédonie, je connais les difficultés, les tensions et les divisions qui persistent au sein du peuple calédonien. Je sais également votre engagement, monsieur le ministre, en faveur d'un dialogue constant avec les acteurs locaux – vos nombreux déplacements sur place l'ont montré. Pourtant, un certain nombre de Calédoniens ressentent avec frustration que les résultats de la large écoute menée auprès d'eux n'ont pas été suffisamment pris en compte. Est-ce la réalité, selon vous ?

Trois enjeux sont intimement liés : le premier est le report de la date des élections, objet du présent texte ; le deuxième est le dégel du corps électoral provincial dont déciderait un futur projet de loi constitutionnelle ; le troisième – incertain – est la refonte plus profonde de l'organisation institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie, sur la base d'un compromis trouvé entre les responsables et acteurs locaux. S'agissant du report des élections, le groupe Démocrate soutiendra un vote conforme du texte issu des travaux du Sénat. Sur la question de fond, du simple dégel du corps électoral ou de la refonte plus profonde des institutions, nous faisons confiance aux acteurs locaux pour trouver enfin une organisation qui offre une véritable stabilité aux Calédoniens.

Face aux incertitudes institutionnelles, la Nouvelle-Calédonie a malheureusement vu une fraction de sa population quitter le territoire, avec pour conséquence une baisse significative de la consommation. Sont venues s'y ajouter la forte inflation liée à la guerre en Ukraine et l'augmentation constante des coûts du fret, due aux tensions en mer Rouge. Dans une économie déjà atone et fragilisée, la chute récente des cours mondiaux du nickel a eu aussi de lourdes répercussions, avec la mise en sommeil de l'usine métallurgique Koniambo Nickel (KNS) située en province Nord, l'abandon programmé de l'usine de la Société Le Nickel (SLN) à Nouméa par sa maison mère, Eramet, et la mise sous tutelle de l'État de l'usine du Sud, Prony Ressources. Les effets négatifs se ressentent dans tous les secteurs d'activité de l'île, rendant celle-ci de plus en plus dépendante des subsides de l'État.

Il est temps pour la Nouvelle-Calédonie d'accéder à une stabilité institutionnelle qui lui permette d'aller de l'avant et de sortir de la crise économique. Les attentes des Calédoniens sont fortes en matière de pouvoir d'achat, d'éducation, d'emploi et de santé. Nous comptons sur vous, monsieur le ministre, pour accompagner les Calédoniens, afin que les élections aient bien lieu en décembre 2024 et que leur vie ne soit pas entravée par des discussions, alors que les élus ont eu des années pour échanger, débattre et parvenir à un accord.

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