Intervention de Gérald Darmanin

Réunion du mardi 12 mars 2024 à 21h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Gérald Darmanin, ministre :

J'ai entendu dans certains propos une politisation nationale, que M. Kamardine a raison de vouloir éviter. D'autres affirmations sont erronées, par absence de connaissance du dossier ou de la Nouvelle-Calédonie, dont on parle sans y être allé.

Il est étrange d'accuser d'« accélération » ou de « marche forcée » un Gouvernement qui propose de reporter des élections. Si nous avions voulu accélérer le dégel du corps électoral ou l'action collective post-accord de Nouméa, nous n'aurions pas mené trois ans de discussions, je n'aurais pas effectué six déplacements, sans compter ceux des ministres délégués ou du Président de la République, ni participé à de nombreuses réunions à Paris. Nous aurions dégelé le corps électoral dès le lendemain du troisième référendum et plutôt avancé ou tenu à la date prévue les élections. Cet argument, lancé pour le plaisir d'attaquer le Gouvernement, ne tient donc pas.

Je rappelle que le congrès de Nouvelle-Calédonie, dont vous avez dit qu'il était gouverné par une majorité indépendantiste, est d'accord pour reporter les élections. Ce texte y a obtenu 38 voix « pour » et 16 « contre ». Les indépendantistes et non-indépendantistes, même s'ils s'opposent au sein du congrès, s'accordent sur cette question. La France insoumise et les Écologistes ne veulent donc pas suivre ce que les Calédoniens demandent eux-mêmes, y compris les indépendantistes de l'UNI Palika ou de l'Union calédonienne. Tout le monde est favorable au report des élections, sauf vos deux groupes, qui se prévalent des positions des indépendantistes.

D'ailleurs, les Kanaks ne sont pas indépendantistes par nature : les indépendantistes comprennent des personnes qui ne sont pas kanak et certains non-indépendantistes sont des Kanaks. J'ai, par exemple, remis la légion d'honneur à l'ancien sénateur kanak Gérard Poadja, un ardent défenseur de la Nouvelle-Calédonie française. Il ne faut donc pas essentialiser les personnes et dire que tous les Kanaks, noirs, sont indépendantistes et tous les Européens, blancs, sont non indépendantistes. C'est un manque de connaissance du territoire calédonien.

Par ailleurs, il est étonnant de dire que le préambule de l'accord de Nouméa mentionne « deux peuples » : il reconnaît au contraire l'existence d'un peuple premier – le ou les peuples kanak –, mais la Nouvelle-Calédonie compte aussi des Wallisiens, des Japonais, des Antillais, des Maghrébins…

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