Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du 6 octobre 2014 à 16h00
Transition énergétique — Avant l'article premier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Aux arguments pratiques qui ont été évoqués par mon collègue, je souhaiterais ajouter des éléments de sémantique. Nous pensons que le terme de transition énergétique est mal choisi car nous ne sommes pas d’accord sur le sens que nous donnons à cette transition énergétique.

Si l’on s’intéresse aux travaux académiques, il apparaît que certains désignent par ce terme la baisse à venir de l’approvisionnement en pétrole et en gaz et, de manière plus générale, l’évolution vers une économie décarbonée. D’autres désignent par ce terme le fait d’un remplacement souhaité du nucléaire par autre chose. Les significations en termes d’objectifs, de moyens ou de conséquences si cette transition devait advenir ne sont pas les mêmes.

Dans le petit Larousse, la transition est définie comme « le fait de passer d’un état à un autre ». En d’autres termes, nous ne sommes pas d’accord sur les états qu’il convient de cibler par ce terme, et peut-être pourrez-vous préciser dans votre réponse la signification que vous donnez à la transition énergétique : s’agit-il de décarboner l’économie ou de sortir du nucléaire ? Nous vous avons démontré lors de la discussion générale que la volonté de l’Allemagne de sortir du nucléaire a eu pour effet de recarboner son économie, ce qui prouve qu’il ne s’agit pas simplement d’un problème théorique, mais bien d’un problème concret.

Passer d’un état à un autre, comme le signifie le terme de « transition » signifierait que certains sont convaincus que l’état actuel du mix énergétique français est mauvais. Comme votre texte porte principalement sur l’électrique, c’est une forme de critique du nucléaire. Or dans l’état d’incertitude technologique où nous nous trouvons et compte tenu de l’horizon que vous nous donnez, il n’est pas certain qu’en 2025 la France ait besoin de se trouver dans une situation où le nucléaire devrait représenter 50 % ou moins de la production électrique.

Par conséquent, nous préférons le terme de stratégie énergétique qui, toujours selon le petit Larousse, signifie l’art de coordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un but. Ainsi, en parlant de stratégie énergétique, nous gardons un spectre d’instruments. L’objectif est pour nous clair : il s’agit de décarboner l’économie. Il s’agit donc bien d’un objectif, contrairement à sortir du nucléaire qui est un moyen – et parfois même une idéologie.

C’est pour cela que nous préférons le terme de stratégie énergétique. Il exprime l’idée qu’en réalité, nous n’allons pas d’un point A à un point B. Vous le savez, madame la ministre, puisque vous êtes une spécialiste de ce secteur : la transition énergétique est permanente, nous sommes tout le temps en transition énergétique. Il vaudrait donc mieux parler d’une stratégie qui devra s’améliorer au fil du temps, voire se réorienter si des ruptures technologiques devaient nous y contraindre.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion