Intervention de Françoise Dumas

Réunion du vendredi 18 septembre 2020 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente :

Madame la ministre, nous avons souhaité vous auditionner le plus rapidement possible en raison des nombreux événements qui, depuis le 1er août dernier, ont marqué l'actualité internationale et eu une incidence sur l'engagement de nos armées. Nombreux sont les sujets internationaux qui suscitent des interrogations légitimes.

Au Mali, un coup d'État militaire a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août dernier. Certes, ceux qui ont conquis le pouvoir ont affirmé leur volonté de poursuivre la coopération militaire avec la France pour lutter contre le terrorisme, et il ne semble pas – mais vous nous le confirmerez – que cela ait affecté nos engagements opérationnels. Néanmoins, alors même que la force Barkhane démontre tous les jours sa capacité à frapper les combattants des organisations djihadistes dans la région, l'avenir de cette opération militaire demeure une question stratégique. Barkhane a besoin, pour capitaliser sur ses succès militaires, d'une part, d'une stabilité institutionnelle, reconnue par la communauté internationale et, d'autre part, des réponses adaptées aux nombreux problèmes que traverse la région, qu'ils soient de gouvernance, économique ou sociaux. Comment voyez-vous l'avenir de Barkhane dans ce nouveau contexte politique ? Ne craignez-vous pas que les incertitudes institutionnelles inhérentes à tout coup d'État n'entraînent le retrait de nos partenaires étrangers au Mali ?

En Méditerranée orientale, les motifs d'inquiétude sont encore nombreux, du fait des différends relatifs à la délimitation des espaces maritimes, des affrontements entre les pays riverains et des provocations unilatérales, dont « l'illumination », comme on dit en langage militaire, de la frégate Courbet par un navire turc en juin 2020. Ce qui s'est passé durant l'été a confirmé votre jugement sur l'attitude de la Turquie, devant nous, en juillet, que vous qualifiiez de plus que préoccupante. Le Président de la République a rappelé, lors du sommet des membres de l'alliance des pays du Sud de l'Union européenne à Ajaccio, sa détermination à faire respecter la souveraineté européenne, le droit international et de favoriser la désescalade. La décision d'Ankara de mettre un terme à la mission de son navire d'exploration maritime et des deux vaisseaux de l'armée qui l'escortaient va dans le bon sens.

Toutefois cette zone, devenue, selon vos propres mots, « un espace de tension », ne risque-t-elle pas de se transformer en espace de confrontation ? Doit-on craindre ce qui peut apparaître comme une politique d'appropriation de la part de la Turquie ? Pourriez-vous expliciter le choix de la France de renforcer sa coopération avec les alliés européens dans le domaine militaire et de l'armement, dont témoigne la décision de la Grèce d'acquérir dix-huit Rafale ? Pourriez-vous répondre aux craintes qui se sont exprimées ici ou là que les douze Rafale d'occasion qui seraient vendus à la Grèce puissent manquer à l'armée de l'air ?

Concernant la Libye, dont le sort à des conséquences à la fois au Sahel et en Méditerranée, faut-il interpréter votre annonce de renforcer notre contribution à l'opération Irini par l'envoi d'une nouvelle frégate, le Latouche-Tréville, comme le constat d'une difficulté accrue à faire respecter l'embargo ?

Vous vous êtes rendue fin août en Jordanie et en Irak. Cela a été certainement l'occasion de faire un point sur l'opération Chammal. Quel retour de ce déplacement et de vos entretiens pouvez-vous faire ?

Nous voulons également vous adresser toutes nos félicitations pour l'opération Amitié, qui a permis, une fois de plus, de démontrer la capacité de nos armées à se mobiliser pour porter secours aux pays amis frappés par des événements exceptionnels. Pourriez-vous nous apporter des précisions quant au déroulé de cette opération à Beyrouth, exemplaire quant à sa rapidité et son efficacité ?

Enfin, les moyens développés dans les opérations citées restent dépendants de notre capacité à les produire. Je rappelle que notre commission avait plaidé, notamment au travers du récent rapport de MM. Griveaux et Thiériot, pour réserver une place importante aux industries de défense par le plan de relance post-crise covid, notamment au regard des retours à espérer en termes de croissance économique et d'emploi. S'il convient de prendre en compte les annonces du plan de relance de soutien à l'industrie aéronautique et l'effort historique prévu par la loi de programmation militaire (LPM), des regrets s'expriment sur les nouvelles mesures en faveur de l'industrie de défense, que certains jugent trop limitées. Quels arbitrages ont conduit à ces choix ?

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