Intervention de Alexis Corbière

Réunion du mercredi 6 octobre 2021 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Vos propos comme toujours assez francs et détaillés, Monsieur le ministre, sont assez conformes à ceux que M. l'ambassadeur de France aux États‑Unis nous a tenus. Aussi vous poserai-je la même question qu'à lui, mais votre statut de ministre donnera une autre dimension à la réponse.

Il faudrait se féliciter, après cette crise, du fait que le communiqué du 22 septembre de M. Biden et de M. Macron remettrait en quelque sorte les choses en ordre.

Ce communiqué prévoit des avancées sur trois points : une action commune dans l'Indo-Pacifique, désormais – pardon de simplifier –, une intervention commune dans le Sahel – mais vu combien nous y sommes dépendants du renseignement américain, je ne sais pas bien ce que cela change – et enfin, chose dont le Président de la République parle souvent, l'acceptation de la part de nos amis américains d'une force de défense européenne opérant dans le cadre d'une autonomie stratégique.

Lorsque M. l'ambassadeur nous a présenté les choses ainsi, j'ai dit que je n'en croyais pas un mot. Depuis, j'ai lu le véritable communiqué, dans lequel les deux présidents soulignent « l'importance d'une défense européenne plus forte et plus capable, qui contribue positivement à la sécurité globale et transatlantique et est complémentaire à l'OTAN. » Une défense complémentaire à l'OTAN, de mon point de vue, ce n'est pas la même chose qu'une force de défense autonome. Tout le débat est là.

Ce que nous avons appris à nos dépens, même si les États-Unis et le peuple américain restent des amis, c'est que quel que soit leur président, et même si M. Biden est sans doute humainement plus sympathique que M. Trump, ils ont leur propre agenda, poursuivent leur propre stratégie et défendent leurs propres intérêts. Or ces intérêts passent par le fait qu'il n'y ait pas de défense européenne autonome, ni même au sein de l'Europe un pays qui pousse à l'indépendance et au non-alignement, rôle que selon nous la France devrait jouer.

Ne croyez-vous pas qu'il faudrait au moins en tirer la conclusion que nous devons quitter le commandement intégré de l'OTAN, pour entretenir avec nos amis américains des relations de puissance à puissance, dans le respect et la volonté commune, toujours, d'éviter des conflits, et sans nous mettre dans la roue des États-Unis d'Amérique qui, sur nombre de sujets, ont un discours de plus en plus belliqueux, dans lequel nous ne devons pas nous retrouver entraînés ? Nous avions quitté le commandement intégré de l'OTAN en 1966, à l'époque du général de Gaulle, et il ne me semble pas que nous ayons été jusqu'en 2008 une puissance de second rang ; nous étions même peut-être plus respectés qu'aujourd'hui.

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