Intervention de Général Stéphane Mille

Réunion du jeudi 14 octobre 2021 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Stéphane Mille, chef d'état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace :

Je vais désormais répondre à vos questions, madame la présidente, sur l'activité du drone Reaper dans la bande sahélo-saharienne. Le drone Reaper a permis un changement d'échelle dans la capacité de renseignement, dans la compréhension et la connaissance de ce qui se passe sur le terrain, et dans la permanence que nous sommes capables d'assurer au-dessus d'une zone d'engagement. Évidemment, la capacité de tirs sur opportunité ouverte en décembre 2019 a ajouté à l'intérêt de cet instrument. Ceci dit, le Reaper est avant tout un outil de renseignement : c'est sa mission principale. Mais, par sa permanence sur le terrain et grâce à son armement, il peut saisir une opportunité. Le Reaper apparaît ainsi comme complémentaire de l'aviation de chasse, qui offre de son côté une plus grande ubiquité propice aux dimensions du théâtre, une réactivité permettant une action dans des délais courts et une capacité de frappe beaucoup plus significative.

S'agissant de la décision de retrait légèrement anticipé du C-160 Gabriel, elle a été prise pour des raisons budgétaires. En effet, suite à l'export de Rafale à la Grèce, l'armée de l'Air et de l'Espace a dû prendre en partie sous enveloppe les recomplètements des pièces, rééquipements des avions et augmentation du marché Ravel pour augmenter la disponibilité de la flotte restante. Afin de préserver un socle indispensable à l'activité organique Rafale, des économies ont dû être trouvées sur d'autres segments. La décision a été prise de retirer l'ensemble de la flotte C160, ancienne et coûteuse. Le successeur du C-160 Gabriel, le système Archange, est attendu en 2026 au mieux. Mais nous ne serons pas entièrement démunis d'ici là, grâce au système ASTAC installé sur les avions de combat, aux drones et aux satellites CERES qui compensent partiellement le retrait du C-160 Gabriel en capacités de renseignement.

La formation liée à ces contrats d'exportation a déjà eu lieu pour les Grecs, il restera à former les Croates, probablement à l'horizon 2023. 2023 verra la convergence de plusieurs facteurs : moins de machines, des effectifs de pilotes croates à former et aussi la reconversion des équipages de Mirage 2000 D et de Mirage 2000 C qui devront être formés au pilotage de Rafale. Il pourrait en résulter un retard de quelques mois dans la formation des pilotes par rapport au schéma idéal. Ce n'est pas une catastrophe : d'autres aléas peuvent aussi provoquer des retards de quelques mois dans la très longue formation d'un pilote de chasse. Enfin, la modernisation de notre outil de formation raccourcit les délais de formation des pilotes, si bien que l'on perd d'un côté, mais on gagne de l'autre. Il n'en reste pas moins que la gestion des flux de formation, notamment sur Rafale, demandera de la vigilance en 2023.

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