Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mardi 8 septembre 2020 à 18h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Madame Rilhac, une commande de 300 000 masques transparents est en cours. Leur homologation étant très récente, nous avons procédé à ces commandes il y a peu. Les masques arriveront progressivement. Pour tous les établissements qui comptent des élèves malentendants, la distribution des masques sera, non pas optionnelle, mais systématique.

S'agissant des besoins dans d'autres circonstances, que ce soit pour les élèves en situation de handicap ou en maternelle, les écoles seront servies en masques transparents en fonction de la demande des enseignants, du rythme de production et d'acheminement. C'est la raison pour laquelle je ne peux pas prendre un engagement ferme et direct, mais c'est dans cet ordre de priorité que les choses interviendront.

Monsieur Minot, les vacances apprenantes étaient ouvertes à tous, et je ne crois pas qu'il existe des familles qui auraient voulu en bénéficier et auxquelles le système aurait été fermé. Parmi les innovations, citons « Été pro ». Des lycées pro sont restés ouverts et ont proposé des ateliers incitatifs. Notons également le dispositif « École ouverte buissonnière » qui a concerné plusieurs milliers d'enfants et permis de réinventer certains types de séjours de plein air pour des élèves qui se rendaient simplement à l'école ouverte et à qui l'on a proposé des séjours plus longs.

Vous notez que plusieurs fermetures d'écoles sont intervenues dans l'Oise, un département fortement touché au début de la crise. Chaque fermeture est décidée localement en fonction des circonstances telles qu'elles sont appréciées par les autorités sanitaires. C'est souvent à partir de trois cas testés positifs qu'une fermeture intervient, mais elle est laissée à l'appréciation des autorités sanitaires, selon qu'il s'agit de trois adultes ou de trois enfants, que ces derniers soient ou non dans une même classe. Différents critères président à la fermeture ou non des écoles. Jusqu'à présent, l'application par les autorités compétentes localement a été assez stricte. Nous poursuivrons sur cette voie.

Madame Céline Calvez, la situation est assez favorable au stage de troisième. Le travail réalisé ces deux dernières années pour constituer une banque de stages pour les élèves de troisième forme un acquis permettant de leur offrir environ 30 000 stages. Nous connaîtrons sans doute des difficultés dans la mesure où ceux-là mêmes qui ont proposé des stages l'an dernier en proposeront moins cette année. Cela dit, nous sommes restés en lien avec les administrations, les associations ou les entreprises et nous piloterons cette politique d'incitation pour être en mesure de proposer des stages aux élèves qui n'en trouvent pas. Je reste assez confiant. Tout dépend de notre volonté. Je pense que la situation est un peu plus difficile pour les stages en milieu professionnel, le problème se posant dès la rentrée. C'est pourquoi il est important d'intervenir, ce que nous ferons, territoire par territoire – les recteurs le savent et vous-mêmes vous vous en saisissez – pour mobiliser l'ensemble des acteurs du monde du travail afin que la jeunesse soit la priorité de tous, y compris des entreprises privées.

Monsieur Juanico, vous avez commencé par une petite critique sur la taille de la circulaire de rentrée. Si vous visez le nombre de pages, je rappelle que les précédentes dépassaient souvent quinze pages. Nous sommes donc dans une concision relative. Si vous jugez les priorités trop nombreuses, laquelle souhaiteriez-vous éliminer ? Le terme de priorité n'est pas utilisé pour chacune d'entre elles, il s'agit de politiques publiques approfondies à articuler entre elles. Certes, nous devons éviter l'accumulation des charges des acteurs de terrain. En revanche, les actions doivent faire sens et être articulées. C'est ainsi, par exemple, que nous articulons les enjeux de sport, santé, culture et civisme qui font partie d'une même ambition en faveur de l'épanouissement des enfants.

Vous avez ensuite concentré votre propos sur l'EPS et le sport. Chacun salue le rapprochement de l'éducation nationale et du ministère des sports, car chacun perçoit les synergies qu'il permet.

Samedi dernier, avec le Premier ministre et la ministre déléguée au sport, nous avons reçu les représentants du monde sportif afin d'étudier les voies et moyens pour soutenir le monde sportif dans la traversée de cette crise tout en bénéficiant pleinement des synergies entre l'éducation nationale et le sport. Vous avez qualifié les résultats de modestes s'agissant de tout ce qui avait été entrepris jusqu'à présent. Votre appréciation, me semble-t-il, est un peu sévère. En réalité, les premiers résultats se font jour. Je pense à la labellisation des établissements Génération 2 024 qui se traduit par une série d'initiatives locales. Nous allons promouvoir trente minutes d'activité physique par jour, car il s'agit d'un enjeu d'importance. La discipline de l'EPS sera renforcée. Des craintes s'expriment parfois en raison de la confusion entre l'EPS et d'autres activités sportives. Notre objectif est bien de continuer à développer l'EPS au travers de différentes mesures cette année.

Par ailleurs, nous avons organisé un groupe de travail permanent en lien avec les collectivités locales et les associations pour développer différents dispositifs. Pour répondre à votre question, l'aisance aquatique est une priorité que Roxana Maracineanu a affichée dès sa prise de fonctions. Les classes bleues concerneront cette année au moins 20 000 élèves et des temps seront dédiés à l'aisance aquatique dès l'école maternelle.

Lors de la troisième semaine de septembre, se tiendra la Journée nationale du sport scolaire au cours de laquelle vous êtes en général très actifs et attentifs.

Une nouvelle vague de labellisations Génération 2024 aura lieu et le développement du sport pour les jeunes dans le temps scolaire comme dans le temps périscolaire fera l'objet d'une série d'annonces. Le nombre des établissements et écoles déjà labellisés Génération 2024 s'élève à 2 600 et un million d'élèves seront concernés.

Nous avons également progressé au titre de la mesure « Savoir rouler », car trop d'enfants ne savent pas faire du vélo. Nous avons noué un partenariat avec la Fédération française de cyclisme à l'occasion du départ du Tour de France. Dans la mesure où, cette année, de façon inédite sur le plan historique, le Tour de France a lieu pendant l'année scolaire, la semaine du vélo se tiendra du 14 au 20 septembre prochain. Elle sera l'occasion de promouvoir le cyclisme dans le système scolaire. Le temps me manque pour entrer dans tous les détails de cette politique sportive, mais je suis d'accord avec vous sur les grandes lignes : nous devons faire toujours plus et c'est bien ce qui est prévu !

Madame Thill, vous avez fait référence aux problèmes de violence, qui soulèvent plusieurs enjeux, notamment s'agissant des procédures à suivre lorsque l'on veut exclure un élève. Il y a un an maintenant, j'ai annoncé le plan de lutte contre les violences scolaires et lancé des mesures éducatives renforcées lorsque des élèves sont particulièrement violents, notamment pour les écarter de l'établissement, non dans une perspective d'exclusion sans suite, si je puis dire, mais dans une perspective éducative, en lien avec les autorités de justice. Le dispositif a d'ailleurs été élaboré avec le ministère de la justice et le ministère de l'intérieur.

Je ne suis pas convaincu par l'idée de les renvoyer à la maison où ils suivraient un enseignement à distance, puisque leur milieu familial ne participe pas généralement au développement des compétences de leur enfant en tant qu'élève et citoyen. Nous développons donc plutôt les structures spécialisées, via des dispositifs relais. Je pourrais faire un point spécifique prochainement sur le sujet. À cet égard, soulignons que la situation a été impactée par la crise du covid, tant positivement que négativement.

Madame Cazarian, s'agissant de la gestion des classes connaissant des cas de covid, notre protocole de continuité pédagogique a vocation à répondre à l'ensemble des questions posées, notamment sur les ressources pédagogiques disponibles pour les professeurs et pour les élèves dans ce type de circonstances. Je citerai Classe à la maison et le site Lumni. Le contexte sanitaire a été l'occasion de montrer la richesse de ce que nous réalisions, mais aussi ce que nous étions capables de faire en situation de crise. Je pense au déploiement des ressources pédagogiques grâce à Canopé, dont nous avons recentré les missions s'agissant de la formation à distance des professeurs ; c'est ainsi que déjà plus de 100 000 professeurs, un chiffre considérable, sont concernés par le dispositif Canopé mis en place au moment de la crise et que nous allons renforcer. Pour les détails, je vous renvoie au protocole lui-même.

Autre dimension, le déploiement opérationnel, en particulier la mise à disposition de matériels informatiques. Nous avons, en effet, procédé à des achats d'ordinateurs et de tablettes qui viennent en support de l'action des collectivités locales afin, en cas de fermeture d'une classe ou d'une école, de prêter du matériel informatique aux familles ou professeurs qui n'en auraient pas à disposition.

Madame Bazin-Malgras, vos questions rejoignent en partie les sujets évoqués à l'instant. Il est exact que porter le masque toute la journée est une contrainte, que nous vivons tous, mais je crois qu'elle est plus pénible encore quand on est un adolescent. C'est aussi ce qui explique que nous n'avons pas imposé le port du masque aux enfants de l'école primaire.

Vous demandez si chaque jeune aura reçu l'intégralité de son enseignement à la fin de l'année scolaire. C'est la question qui m'a le plus habité au cours de la préparation de la rentrée. Si nous avons organisé la rentrée à temps, si nous avons fait en sorte que tous les enfants reviennent à l'école, si nous déployons tant d'efforts, c'est vraiment pour répondre le plus positivement possible à cette question. Cela dit, je ne suis pas prophète, bien des événements peuvent survenir tout au long de l'année. Néanmoins, l'enseignement du programme est l'objectif central, y compris dans le cadre de la continuité pédagogique, afin d'éviter tout retard.

L'année 2020-2021 doit permettre de compenser tous les retards. Je suis confiant, quand je vois la mobilisation des personnels, mais aussi le désir des élèves d'apprendre et de retrouver une vie d'apprentissage normale. Je crois à la résilience et à la force de rebond de notre pays. Il y a des éléments d'optimisme dans les manières de réagir, notamment de la part de nos élèves, comme de l'ensemble des professeurs et des parents d'élèves qui ont parfois été héroïques en ces circonstances difficiles.

Madame Buffet, vous savez à quel point je suis d'accord avec vous sur les conséquences du confinement sur la santé physique et psychologique des enfants. C'est pourquoi je me suis fait, avec vous, l'avocat du déconfinement scolaire à partir du 11 mai, un sujet sur lequel nous avons eu à convaincre de manière transpartisane, mais l'enjeu était décisif.

Vous avez raison d'insister sur les insuffisances de la santé scolaire, c'est un point sur lequel nous devons intervenir. Je souligne qu'il est moins lié à des problèmes budgétaires que de ressources humaines. Face à la nécessité de trouver des remèdes, nous avons engagé un travail avec le ministère de la santé, transversalement à des mutualisations qui renvoient aussi à la question de la santé professionnelle des personnes qui travaillent pour l'éducation nationale, sujet qui sera au cœur du Grenelle des professeurs. D'une façon générale, c'est la disponibilité de la ressource médicale pour le monde de l'éducation nationale qui est en cause. Depuis trois ans, nous avons réalisé quelques progrès mais il en reste d'immenses à accomplir, ce que j'ai en vue en progressant pas à pas, sans pouvoir faire de miracle car cela nous renvoie au nombre de médecins en France. Mais nous œuvrons en coopération avec la médecine non scolaire et la médecine scolaire et lançons une piste d'amélioration à court terme que nous avons établie avec le ministère de la santé.

Sur la situation spécifique de la Seine‑Saint‑Denis s'agissant des enfants déscolarisés, j'entends vos propos. Encore une fois, le chiffre qui a été donné le premier jour ne doit pas servir de référence tant il est approximatif et indicatif, mais je suis prêt à prendre rendez‑vous sur cette question des enfants déscolarisés dans ce département comme dans d'autres d'ailleurs – mais il est vrai que le phénomène est particulièrement accentué dans la Seine‑Saint‑Denis –, de sorte à nous assurer que nous résorberons les problèmes du covid progressivement.

Madame Ressiguier, vous avez indiqué que le protocole sanitaire avait été modifié le 27 août. Je ne sais pas exactement à quoi vous faites référence dans la mesure où il a été rendu public dès le mois de juillet. Que nous procédions de manière répétée à des ajustements de certains aspects des recommandations est le corollaire normal d'une gestion de l'épidémie. Peut-être dans le futur porterez‑vous vos critiques sur les fermetures de classes ou sur des évolutions du protocole sanitaire, mais elles sont le corollaire inévitable d'une gestion de l'épidémie. Ce type de critique revient à dire que des contraintes sont liées à l'épidémie, je vous le confesse. Aussi est‑il assez facile de relever la pénibilité de ces contraintes.

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