Intervention de Philippe Gosselin

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 8h30
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin, vice-président de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République :

Il est très difficile pour un élu local d'accueillir un établissement pénitentiaire sur son territoire, à cause de la peur des riverains, des effets sur l'opinion publique, etc., surtout à la veille de scrutins locaux. Il y a tout de même des territoires où l'on a envie de le faire – je songe à des projets que je défends depuis dix ans chez moi, comme élu local, membre du conseil départemental et député – parce que cela fait venir des familles et représente aussi de l'emploi, de façon pérenne. Toutefois, ces exemples encourageants ne sont pas la règle, je ne suis pas naïf. Il faut donc convaincre.

À cette fin, il faudrait un travail de proximité, régulier et approfondi, avec l'administration pénitentiaire, l'Agence publique pour l'immobilier de la justice et les élus locaux, par l'intermédiaire des préfectures, de département plutôt que de région. Écoutons les élus qui sont partants : ils ont des terrains, des réserves foncières. Ainsi, dans mon agglomération, nous avons gelé 20 hectares au cas où, en levant bien des préventions.

Enfin, il faut évidemment une carotte.

Un pacte local est donc nécessaire entre l'administration pénitentiaire et la collectivité, incluant des éléments financiers, mais pas seulement : pourquoi ne pas octroyer des points supplémentaires pour permettre l'accès à des contrats relevant du plan Action cœur de ville ou de rénovation de quartiers urbains ? Il ne s'agit pas de se focaliser sur une seule politique, mais de proposer quelques atouts : ce ne serait pas une rupture d'égalité, mais une action en équité, car il n'est pas simple vis-à-vis des électeurs d'accueillir un établissement qui peut faire peur et qui favorise le brassage du fait des visites.

On a tort de construire des prisons à la campagne. Cela évite des oppositions locales puisqu'il y a moins de riverains, mais sans transports en commun, sans centres médicaux, sans tissu de petites entreprises pour la formation et pour le travail, l'établissement reste très fermé et la démarche vaine.

S'agissant de la santé mentale, il serait bien étonnant qu'elle soit formidable en prison : elle est le parent pauvre de la santé en France ; en détention, elle en est vraiment le mendiant !

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