Intervention de Éric Woerth

Réunion du lundi 28 septembre 2020 à 15h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président :

Nous dansions sur un volcan, nous voilà sur des sables mouvants ! La volatilité économique est inouïe, et l'écart entre vos prévisions du troisième PLFR, cet été, et celles pour la fin d'année considérable. Le déficit prévisionnel de l'État passe ainsi de 225 milliards d'euros environ à 195 milliards d'euros. On voit dans votre budget à peu près aussi bien qu'à travers mes lunettes couvertes de buée… Il suscite de nombreuses questions, non que vous soyez insincères, mais parce que la situation est totalement imprévisible. Vous auriez pu adjoindre à votre budget des scénarios, au moins deux : l'un dans lequel l'épidémie perdure et l'autre dans lequel elle s'arrête. Cela nous aurait donné des points de repère. Ce n'est pas parce que notre pays est à la croisée des chemins, qu'il faut l'emmener vers des impasses budgétaires. La question de la soutenabilité de la dette est fondamentale. Vous auriez pu approfondir les différents scénarios sans entrer dans les détails d'une loi de programmation, qui viendra quand elle viendra. Un cadrage financier montrant que la relance n'était pas uniquement financée par la relance aurait été particulièrement rassurant.

Je me demande également pourquoi les prévisions du Gouvernement sont plus pessimistes que le consensus pour l'année 2020 et plus optimistes pour l'année 2021. Y a‑t‑il un effet volontariste, pour faire sortir l'épargne de précaution, ou est‑ce pour d'autres raisons qui m'échappent ?

Le cantonnement de la dette dite covid n'étant évoqué ni dans le PLF ni dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), est‑ce à dire que vous y avez renoncé ou que le temps n'est pas encore venu de l'évoquer ? J'y suis, pour ma part, assez défavorable. Étant donné que nous allons certainement de crise en crise et que les risques sont fondamentaux, il me semble assez compliqué d'isoler une dette.

En réalité, la vraie question n'est pas tant celle du rattrapage que de la relance, soit de l'augmentation de la croissance potentielle, ce qui diffère des mesures d'urgence que vous avez prises avec notre soutien. Nous avons perdu 370 milliards d'euros de production qu'aucun plan de rattrapage ne permettra de récupérer. C'est pourquoi il nous faut des réformes. Notre pays a‑t‑il renoncé à toute idée de réforme, si compliqué que soit le contexte social ? Prévoyez‑vous des réformes structurelles parallèlement à votre plan de relance ?

Enfin, alors que vous avez parlé d'investissement dans l'industrie et les services, de relocalisation et, partant, de souveraineté, je souhaitais savoir si l'État avait une opinion sur le projet de fusion entre Veolia et Suez.

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