Intervention de Bruno le Maire

Réunion du lundi 28 septembre 2020 à 15h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Monsieur le président, je ne peux que vous donner raison sur l'extrême volatilité de la situation économique et sanitaire. Mais, comme le dit l'adage, gouverner c'est prévoir. Nous prenons des mesures, depuis plusieurs mois, qui nous permettent de faire face aux aléas sanitaires. Prenons l'exemple du fonds de solidarité que nous avions calibré à 9 milliards d'euros. Nous avons décaissé 6 milliards d'euros au titre du premier volet et 120 millions d'euros au titre du deuxième. Il reste environ 3 milliards d'euros disponibles, parce que nous avions anticipé que, d'ici à la fin de l'année, nous pourrions avoir à faire face à des dépenses supplémentaires. C'est cela qui nous permet d'augmenter le plafond de 1 500 à 10 000 euros, sur le premier volet, pour tous les restaurateurs et hôteliers d'Aix-en-Provence, de Marseille ou d'ailleurs, qui sont confrontés à une fermeture administrative. Nous nous gardons les marges de manœuvre nécessaires pour adapter les dispositifs à la situation.

S'agissant de la dette, sa soutenabilité est fondamentale. Je m'inscris en faux contre tous ceux qui prétendent que nous pourrions lever de la dette tout en disant que nous ne la rembourserions jamais. C'est totalement irresponsable ! Nous aurions du mal à trouver des investisseurs pour une dette qui ne serait jamais remboursée. Les besoins de financement sont de 282 milliards d'euros sur l'année, dont 260 à moyen et à long terme. Le remboursement doit se faire de trois manières : par le retour de la croissance ; par un usage responsable des finances publiques – c'est ainsi que nous stabiliserons l'emploi public dans la fonction publique d'État en 2021, alors que nous aurions pu céder à la tentation d'embauches publiques pour faire face au chômage ; par le maintien de réformes de structure, comme celle d'Action logement.

Pour ce qui est des estimations, plutôt que de regarder les estimations de récession pour 2020 et celles de croissance pour 2021, il faut examiner le niveau d'activité. Il y a quelques mois, on estimait que la perte du niveau d'activité entre 2019 et 2021 serait de l'ordre de 4 points de PIB. Selon nos évaluations de récession et de croissance, la perte d'activité ne serait que de 2,7 points de PIB, preuve que la relance permet d'éviter une dégradation trop forte de notre économie. Les autres prévisions, en provenance de l'OCDE, de l'INSEE, de la Banque de France, de l'Union européenne ou du FMI, oscillent entre 1,9 et 4. Ce qui compte plus que tout, c'est le niveau d'activité que la France retrouvera d'ici à la fin de la crise.

Nous sommes favorables au cantonnement de la dette, qui donne de la visibilité aux investisseurs jusqu'en 2042, et garantit, de ce fait, un meilleur financement.

Concernant Veolia et Suez, l'État ne cédera à aucune précipitation ni à aucune pression. Nous prendrons le temps nécessaire pour examiner l'offre de Veolia ou toute autre offre qui pourrait se présenter. Il n'y a pas d'urgence à réaliser cette opération, qui doit se faire selon les conditions fixées par le Premier ministre : la préservation de l'emploi, la préservation de l'empreinte industrielle et une majorité française. Nous voulons nous assurer que ces conditions soient remplies et prendrons du temps pour cela. Je veux appeler chacun au sens des responsabilités. Alors que nous sommes dans une période de crise économique qui inquiète profondément les Français, ce n'est pas le moment que deux champions industriels se livrent une guerre. Le rôle de l'État est un rôle d'arbitre, pour pacifier la situation et trouver des solutions répondant aux intérêts des deux parties.

L'expérience nous a appris qu'il était très difficile de décaisser rapidement l'argent prévu pour la rénovation thermique des bâtiments publics. Nous avons créé trois dispositifs qui devraient changer la donne : définition d'une date butoir au 9 octobre pour le dépôt des offres ; possibilité de réallouer les fonds si le décaissement ne se faisait pas suffisamment vite ; garantie de transparence totale sur leur emploi.

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