Intervention de Bruno le Maire

Réunion du mardi 28 juillet 2020 à 17h45
Commission des affaires économiques

Bruno le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance :

Au regard de la gravité de la situation, nous allons consacrer toutes les forces du ministère à l'objectif de relancer l'économie française. Cela implique de travailler dans deux directions complémentaires : relancer l'économie dans l'immédiat – relancer la consommation, la demande, créer des emplois – mais aussi investir dans l'avenir de l'économie française. La relance ne doit pas être en effet un feu de paille mais porter la transformation d'une économie intensive, capitalistique en une économie durable. Ce que je vais dire est un peu provoquant mais, de ce point de vue, cette crise peut être une chance pour la France : la chance d'aller vers un modèle plus décarboné reposant sur l'innovation, de nouvelles technologies, une meilleure utilisation des ressources naturelles et une meilleure prise en considération de la place de chaque Français dans la société et le travail.

Nous évaluons la récession du produit intérieur brut (PIB) à moins 11 %, et le choc économique est sans exemple puisque l'économie a été brutalement mise à l'arrêt. Nous avons donc déjà pris des décisions radicales, que vous connaissez : prêts garantis par l'État, chômage partiel, fonds de solidarité, qui a versé 5,4 milliards d'euros d'aides directes à 1,5 million de très petites entreprises (TPE), et encore reports de charge soulageant la trésorerie des entreprises, à hauteur de 35 milliards d'euros.

La première leçon de ces quatre mois de crise, c'est que l'État a été efficace. D'Air France, qui a bénéficié de 7 milliards d'euros d'aide, à Renault, 5 milliards d'euros de prêts garantis, jusqu'au moindre petit commerce, l'État a répondu présent et continuera. La deuxième leçon, c'est que la simplicité est un gage d'efficacité : les quatre dispositifs cités représentent quasiment 100 % du soutien à l'économie, car il vaut mieux un petit nombre de dispositifs efficaces et simples. Troisième leçon : l'écoute est décisive. Nous n'avons cessé d'affiner notre réponse, et je remercie les parlementaires car sur chacun des trois projets de loi de finances rectificative vous avez apporté des modifications décisives, qui s'inspiraient de remontées du terrain.

Nous obtenons des résultats encourageants sur le nombre de créations d'entreprise, la confiance des entrepreneurs, le redémarrage de la consommation dans certains secteurs. J'aimerais vous dire que nous sommes sortis d'affaire mais ce n'est pas le cas, le plus dur reste devant nous. Je nous donne un objectif collectif : avoir retrouvé début 2022 le niveau d'activité que nous avions avant la crise.

Ce sera le sens du plan de relance. Sa philosophie est la transformation de notre modèle économique, qui doit être plus solidaire, décarboné, présent sur tous les territoires, et nous permettre de continuer de faire la course en tête parmi les grandes nations.

Cela passe d'abord par le choix de la transition écologique. Notre plan de relance sera vert ; ce sera un des critères de choix des investissements. Avec Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, nous avons décidé d'affecter directement 30 milliards d'euros d'investissements au verdissement de l'économie grâce à la rénovation énergétique des bâtiments, aux transports verts, notamment le fret ferroviaire mais aussi les pistes cyclables, aux énergies totalement décarbonées, en particulier l'hydrogène. Mais c'est tout le plan – les trois autres volets aussi – qui visera la décarbonation.

Vous avez déjà adopté le deuxième volet du plan, relatif à la formation et à l'emploi, volet qui porte en particulier sur l'emploi des jeunes, qui sera notre priorité des prochaines semaines.

Le volet des marchés clés conjugue maturité des technologies, disponibilité des entrepreneurs français et dynamisme du marché. Dans l'hydrogène, par exemple, nous avons des leaders mondiaux, un marché très prometteur, et nous formerons des salariés.

Enfin, il y aura un volet de solidarité car, si les Français dans leur ensemble ont réalisé 100 milliards d'économie à l'occasion de cette crise du fait d'avoir dépensé moins, beaucoup la subissent déjà de plein fouet, et ce sont les plus modestes, qu'il faut accompagner.

Ce plan de relance sera présenté en conseil des ministres le 24 août. Nous en débattrons dans le projet de loi de finances, afin de ne pas multiplier les textes législatifs.

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