Intervention de Boris Vallaud

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 11h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

Au moment où vous les énoncez, on peut croire à la sincérité de vos engagements en faveur de l'emploi. Mais, instruits par l'expérience, nous savons que les hommes, les circonstances changent et que les engagements pris par le passé ne valent plus grand-chose. Dans cette affaire, le groupe Socialistes ne considère pas d'abord l'intérêt de l'une ou l'autre des entreprises, mais l'intérêt de l'ensemble de la base industrielle française, des salariés, des collectivités locales et de la nation tout entière.

Votre projet suscite beaucoup d'interrogations et beaucoup d'inquiétude. Ce qui était une mauvaise idée hier semble devenir – est-ce un péché d'orgueil ? – une bonne idée aujourd'hui. Les doutes portent sur la forme, sur le moment et sur le fond.

Sur la forme, d'abord. C'est une blitzkrieg. Dans sa revue stratégique, Engie n'a pas ouvert de data room et la cession de ses participations dans Suez n'avait rien d'urgent. En réalité, la mariée ne souhaite pas ce mariage.

Sur le moment, ensuite. Nous sommes au cœur d'une crise. Est-ce pour Engie le bon moment pour vendre et, pour vous, d'acheter ? L'Autorité de la concurrence mettra dix-huit à vingt-quatre mois pour se prononcer, de sorte que je crains que vous ne soyez pas au rendez‑vous du plan de relance et de ses grands enjeux environnementaux, ni à celui du renouvellement d'un certain nombre de concessions très importantes.

Il est nécessaire que nous entendions très rapidement Engie, qui ne peut être cantonnée à un rôle périphérique, et l'État actionnaire qui, depuis un moment déjà, est, dans le dossier Engie comme dans d'autres, défaillant. Celui-ci ne peut pas être neutre car, en l'espèce, être neutre, c'est prendre parti.

Enfin, nous sommes inquiets pour l'emploi. Vous avez évoqué ceux qui seraient embauchés chez Veolia, mais nous ne savons pas ce qu'il adviendra des autres. Nous sommes inquiets pour l'investissement, pour l'innovation et pour la concurrence, car nous savons qu'en l'espèce, un plus un – le numéro 1 et le numéro 2 – n'est pas égal à deux. En réalité, vous feriez émerger un numéro 2 qui sera peut-être chinois. Les collectivités locales sont inquiètes, car elles veulent avoir le choix.

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