Intervention de Antoine Frérot

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 11h15
Commission des affaires économiques

Antoine Frérot, président-directeur général de Veolia :

Il ne s'agit pas d'un ultimatum mais d'une proposition.

Quant à l'intérêt de la France dans la vente à la découpe de Suez, j'imagine que vous faites allusion au dépeçage auquel nous assistons tous les jours. Il n'y a aucun intérêt pour la France à voir le groupe Suez démantelé et vendu à l'encan ! Mon projet, au contraire, est 100 % franco‑français. Les cessions ne concerneront que ce que l'Autorité de la concurrence exige. Elles seront faites à des Français, et non à des grandes surfaces low cost allemandes ou à d'autres.

Si j'ai acheté Suez RV Osis, c'était pour éviter qu'elle ne tombe dans de mauvaises mains : près de 4 000 personnes et 20 % de l'eau Suez en France auraient été vendus à des étrangers.

Suez a annoncé hier un milliard d'euros de dividendes exceptionnels, à la suite du dépeçage. Mais Veolia, ce n'est pas cela. C'est une entreprise qui s'inscrit dans le long terme et qui construit patiemment ses capacités de développement, ainsi que la richesse qu'elle répartit entre ses parties prenantes, dont les actionnaires.

Mesdames, messieurs les députés, je ne crois pas à la forte mobilisation des salariés de Suez contre le projet ; je crois à la forte mobilisation de deux dirigeants. Les équipes des deux entreprises se connaissent et se croisent. Elles se parlent. Les personnels de Suez ont compris que ce ne serait plus comme avant. Ils se demandent qui sera leur actionnaire et quel pourrait être le projet d'autres acteurs que Veolia. Des entreprises étrangères, chinoises pendant qu'on y est ? Des fonds d'investissement, de LBO pour le coup ? C'est sûr que nous aurions préféré rester comme nous sommes, disent‑ils, mais à tout prendre, le projet de Veolia est peut‑être un moindre mal. Quant à moi, je vous le dis, c'est le meilleur : ils n'ont rien à craindre et tout à gagner.

Du point de vue de la représentation syndicale, Veolia Eau fonctionne sur le modèle de l'unité économique et sociale (UES).

Le projet est véritablement conçu autour de notre raison d'être : c'est parce que nous sommes utiles que nous sommes prospères, et non l'inverse. Nous sommes utiles pour toutes les parties prenantes : les salariés, les clients, les actionnaires, les fournisseurs et plus généralement la société. Le projet que je défends se veut utile pour la planète et toutes ses parties prenantes. Vous avez eu raison de mentionner l'école française de l'eau qui, pendant quelques décennies, a permis à nos entreprises de tenir le haut du pavé. J'envisage de créer l'école française de la transformation écologique grâce au regroupement de nos forces. Nous avons chez Veolia d'importants moyens de formation professionnelle, avec trois campus, et sommes fortement engagés en faveur de l'apprentissage. Grâce aux nouveaux métiers que j'évoquais en tout début d'entretien, sur la qualité de l'air, sur le recyclage, sur le carbone, sur le lien entre l'environnement et la santé, ainsi que sur l'environnement et l'agriculture, je souhaite créer une vraie école française de la transformation écologique pour tenir notre rang pendant quelques décennies encore.

Concernant la perspective de cession de Pont‑à‑Mousson par Saint‑Gobain, permettez‑moi de réfléchir à la question que vous avez posée et qui s'inscrit bien dans le projet dont nous discutons ce matin. Toujours est‑il que plus l'opérateur français de services qui utilise les tuyaux en fonte de Pont‑à‑Mousson sera puissant, plus il pourra soutenir le secteur. C'est en regroupant nos forces que l'on pourra éventuellement donner un coup de main, et non pas en les divisant.

Les 4 000 licenciements sont un fantasme mensonger ! Je l'ai dit et le répète. J'ai dit qu'il n'y aurait pas de licenciements dans ce projet et je suis venu vous le garantir. On me demande des garanties d'emploi, mais demande‑t‑on à Suez de garantir les emplois de tout ce qu'il est en train de vendre comme un sauvage ? Les 13 000 emplois partis en un mois et demi et les milliers d'autres qui vont partir d'ici à Noël ? Nous, nous garantissons l'emploi. Il faudrait que les conditions soient les mêmes. Mais cela n'est pas possible, puisqu'il y a un projet industriel et un projet financier de dépeçage.

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