Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 15h00
Commission des affaires économiques

Julien Denormandie, ministre :

Je partage les propos de M. Stéphane Travert. Il y a effectivement un débat sur les semences enrobées versus la pulvérisation. Lorsque des pucerons arrivent sur un champ, il faut appliquer l'insecticide seulement là où on en voit – c'est même écrit sur la notice. Mais dans les faits, on passe sur tout le champ, car on sait bien qu'une seule piqûre de puceron suffit pour que la plante attrape la jaunisse. La grande difficulté de ces comparatifs environnementaux, comme l'a dit M. Nicolas Turquois, réside dans le référentiel : il ne faut pas raisonner au vu de la durée de demi-vie relevée dans un sol dit de laboratoire, mais en fonction de la manière dont c'est appliqué sur le terrain, et cela rend les débats diablement compliqués. Le comparatif doit être fait par rapport aux comportements observés et non simplement par rapport aux analyses chimiques.

Monsieur Daniel, Monsieur Potier, malheureusement le bio ne résout pas le problème de la jaunisse dans la mesure où même les parcelles bio sont touchées par cette maladie. Ce qui veut pas dire qu'il ne faut pas accélérer la conversion vers le bio et la HVE. En fait, ce sont deux débats différents.

Je partage ce qu'a dit M. Daniel sur la recherche. Comme je l'ai dit tout à l'heure à M. Potier, alors qu'on a consacré 700 000 euros à la recherche depuis 2016, on va affecter 7 millions d'euros dans les trois ans qui viennent. La recherche est une responsabilité publique avec l'INRAe, et une responsabilité privée avec l'ITB. Si j'ai décidé de consacrer 7 millions d'euros à la recherche, c'est pour que la pression « dans le tube », soit totale. Cela me permet par ailleurs d'entrer totalement dans la gouvernance de cette recherche. C'est trop facile de dire que tout repose sur le comportement de l'agriculteur et pas suffisamment sur celles et ceux qui sont censés l'accompagner.

Je suis très attaché à l'approche par la santé. Comme je l'ai dit dans mon propos introductif, la question qui se pose est celle de la consommation de sucre. Vous avez bien compris que l'objectif c'est d'avoir une filière sucre forte, et que la France devienne le leader mondial de l'agro-écologie sucrière. Pour réussir cette transition, on a besoin de sortir la filière de l'ornière, sinon on mangera du sucre importé dont le bilan nutritionnel n'est pas à envier.

Enfin, Monsieur Benoit, l'architecture que je propose comporte deux niveaux. D'abord, une évaluation fine sera faite tous les ans. Un amendement du rapporteur proposera une évaluation encore plus fine, tous les trois mois, avec un comité de suivi associant les chercheurs en présence non seulement du Gouvernement, mais également des parlementaires afin de conforter leur rôle de contrôle. Je le répète, l'architecture même de l'article 53 du règlement européen m'interdit d'avoir recours à la dérogation sitôt qu'existe une alternative crédible. Comme je l'ai dit hier devant la commission du développement durable, la Commission européenne, à la demande de mon ministère, a reproché dernièrement à deux pays, la Roumanie et la Lituanie, de faire une utilisation abusive de ce règlement. On a observé en effet que ces pays multipliaient des demandes récurrentes sans jamais justifier le pourquoi du comment.

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