Intervention de Jérôme Nury

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Nury :

Cette année encore, nous ne pouvons que souscrire aux objectifs affichés par le Gouvernement. Ses grandes priorités sont partagées par tous : combiner la performance économique et environnementale, investir dans les territoires ruraux et les filières d'avenir, renforcer la qualité du service et maîtriser les coûts de gestion des politiques publiques. La vraie question est de savoir si les moyens prévus sont suffisants pour atteindre ou du moins approcher ces objectifs.

Globalement, les moyens dévolus à l'agriculture sont à peu près stables par rapport à l'an dernier. Ce n'est donc pas un budget euphorique, mais on s'en contentera, d'autant plus que l'essentiel du budget n'est pas national mais européen – les trois quarts des aides publiques à l'agriculture française sont gérées à Bruxelles. Nous avions de grandes craintes concernant le maintien du budget de la politique agricole commune (PAC), que nombre de nos partenaires voulaient diminuer. Il faut se réjouir de la stabilité de ses crédits et du soutien préservé de l'Europe à notre agriculture.

Concernant le présent projet de budget, plusieurs points soulèvent des questions. D'abord, le renouvellement des générations : si la dotation jeunes agriculteurs (DJA) est maintenue, il faudrait aller plus loin dans l'accompagnement pour rendre la profession attractive. Or l'État est absent d'un dispositif essentiel non seulement pour les jeunes mais aussi pour les agricultrices, pour les familles et même pour l'ensemble des paysans : les services de remplacement. Savoir que l'on peut compter sur des salariés formés, performants, encadrés en cas de maternité, d'accident, de maladie ou de congés est un vrai plus pour les agriculteurs. Ces structures sont parfois accompagnées par les collectivités territoriales, notamment par le conseil départemental, mais il faudrait un soutien massif de l'État pour aider les bénévoles de ces associations, qui gèrent tout dans ces services de remplacement.

Les aides en faveur de la modernisation des exploitations agricoles poursuivent leur baisse pour s'établir à 43,4 millions d'euros, soit 13,2 millions de moins que l'an dernier. On me rétorquera que le volet agricole du plan de relance prévoit 1,3 milliard d'euros sur deux ans, mais on peut craindre que cette somme soit bien insuffisante eu égard aux besoins et aux enjeux, et cela d'autant plus que le budget courant, avec des crédits à la baisse, ne prendra pas le relais. En 2021, les crédits du plan de relance agricole destinés à l'aide à la conversion des agroéquipements vers des modèles permettant de réduire les intrants ont été épuisés en vingt‑trois jours : ouverts le 4 janvier 2021, le dispositif a été clôturé le 27 janvier en raison d'un nombre important de candidatures. Il faut donc plus de moyens pour soutenir ces changements.

En conclusion, on peut craindre que ce budget ne réponde que partiellement au malaise profond que traverse le monde agricole. EGALIM 1 était un mirage et a déçu nombre d'acteurs dans les filières, hormis peut-être dans celle du lait. L'adoption d'EGALIM 2 laisse entrevoir quelques pistes d'amélioration en vue des prochaines négociations commerciales. Quel dommage de ne pas avoir accepté dès EGALIM 1 la proposition que nous avions faite et qui est aujourd'hui reprise dans EGALIM 2 : que de temps perdu ! Espérons que ces mesures permettront à nos agriculteurs de peser enfin dans les négociations afin d'avoir des revenus décents, tirés de leur travail, de leurs efforts et de leur professionnalisme.

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