Intervention de Philippe Pillot

Réunion du mercredi 29 novembre 2017 à 17h05
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Philippe Pillot, délégué syndical central FO d'Alstom Transport :

Pourquoi Akiem a-t-elle acheté des locomotives allemandes ? On se pose la question et on avait dénoncé l'opération à l'époque. L'usine de Belfort marche sur deux jambes : elle fabrique des motrices pour les TGV, mais aussi des locomotives. Sans fret, pas de locomotive, donc moins de moteurs, et toute la chaîne en souffre.

Bien sûr, tout le monde a accès à la commande publique. CAF est installé à Besançon, à vingt-cinq kilomètres du site d'Ornans où Alstom fabrique les moteurs. Même si Alstom a vendu son tramway Citadis à quasiment toutes les villes de France, CAF est parvenu à vendre le sien à la ville de Besançon. CAF a fait le choix de rester un groupe européen après avoir tenté de se développer sur le plan mondial. Stadler mène un peu la même politique. Alstom mise sur la mondialisation : on essaie d'être partout et de proposer un produit de A à Z : les voies, le matériel roulant, la signalisation, la maintenance. L'opérateur n'a plus qu'à s'occuper des voyageurs, ce qui n'est d'ailleurs pas une mince affaire quand on veut assurer un service de qualité.

Autre sujet important : la digitalisation. On ne peut pas multiplier les voies. Si le fret ferroviaire a du mal à circuler en France, c'est parce qu'on a fait des voies à grande vitesse. Le TGV roule bien dessus, mais si l'on y met des trains de marchandises, ça va forcément beaucoup moins bien … Et faire avancer des trains de fret à la vitesse des TGV, je n'y crois pas non plus. Le nombre de voies étant limité, un des enjeux serait d'y faire circuler les trains le plus près possible les uns des autres, à deux ou trois minutes d'intervalle, en essayant de les faire se causer entre eux.

À cela s'ajoute le fait que les opérateurs cherchent à se marier alors qu'ils étaient jusqu'à présent plutôt spécialisés : la RATP s'occupait des métros et la SNCF des grandes lignes. Aujourd'hui, tout cela doit fonctionner ensemble – c'est ce qu'Alstom envisage de proposer. Nos collègues de Siemens n'ont pas forcément osé aller jusque-là ; à croire M. Poupart-Lafarge, ils sont un peu inquiets et se demandent si nous ne sommes pas aventurés un peu trop loin. L'avenir nous le dira.

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