Intervention de Olivier Marcé

Réunion du jeudi 30 novembre 2017 à 9h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Olivier Marcé, délégué syndical pour la Confédération française de l'encadrement-Confédération générale de l'encadrement (CFE-CGC) :

On aura 4 200 emplois à la toute fin de la période prévue, alors qu'on devait les avoir au début. Si on les avait eus en 2016, cela aurait été autant de valeurs créées en France dans le groupe Nokia, qui aurait assuré une pérennité. L'esprit des engagements, c'était de durer à 4 200. On s'affole, à la dernière minute, pour recruter dans des conditions difficiles – nous n'avons peut-être plus le choix des meilleurs candidats, même si l'on embauche des gens de valeur –, mais on aura, qu'on le veuille ou non, perdu dix-huit mois !

Comme je travaille pour Bell Labs, je peux corriger une information donnée tout à l'heure : Marc Rouanne ne siège pas au comité exécutif de l'entreprise. D'ailleurs ce qui tient lieu de comité exécutif est quasiment intégralement américain. Sur les six domaines de recherche de Bell Labs, cinq sont dirigés par des Américains, et un par un Allemand. On nous a annoncé, hier, que cela évoluerait, mais pour l'instant, on en est là. Au sein de Bell Labs, Marc Rouanne n'a jamais eu la moindre influence sur la recherche fondamentale ou avancée. Il occupe officiellement un poste de responsabilité, mais on n'a rien vu du tout.

À ce stade, des investissements ont bien eu lieu à une hauteur raisonnable par rapport aux engagements pris ; nous en avons aussi parlé hier avec Madame la secrétaire d'État. Mais une question peut se poser : des investissements, pour quoi faire ? Prenons l'exemple du rachat de Withings : à l'heure actuelle, il n'y a eu, à ma connaissance, aucune interaction entre les équipes de Withings et Nokia. C'est toujours pareil : dans les engagements, les investissements n'étaient pas uniquement là pour faire de l'investissement ; pour moi, ils devaient servir à pérenniser l'activité de Nokia en France. Donc, l'investissement est fait, c'est positif, mais en quoi crée-t-il de la valeur pour Nokia et, évidemment, pour ses salariés ?

À propos de Huawei, vous nous avez interrogés sur les leviers européens à actionner pour nous protéger. Je trouve un peu surprenant que vous nous posiez cette question : j'ai suivi la retransmission de votre audition des syndicats d'Alstom qui s'est tenue hier : un Buy European Act a été mentionné à plusieurs reprises. Cela peut être une piste. De même, on peut s'interroger sur les comptes de cette entreprise. On ne les connaît pas. Ne pourrait-on pas imaginer que certains marchés soient réservés aux seules sociétés dont les comptes sont rendus publics ? On saurait au moins d'où vient l'argent, ce qui s'y passe, etc.

Je suis d'accord avec vous, le modèle économique des opérateurs télécoms en France pose question. L'ouverture récente à la concurrence a sans aucun doute eu des avantages, mais, maintenant, il faut regarder l'ensemble du tableau. Il y a évidemment un problème d'investissement. Rappelons que le marché des équipements est de l'ordre de 100 milliards d'euros. Même s'il est en légère diminution – on s'attend à ce qu'il rebondisse un peu –, il reste important. La situation des opérateurs en France, aux prises avec quelques difficultés, n'est pas la même que dans le reste du monde.

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