Intervention de François Janvier

Réunion du jeudi 30 novembre 2017 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

François Janvier, secrétaire de la section CFE-CGC :

Y avait-il d'autres solutions ? Nous vous avons clairement présenté notre point de vue : il en a été recherché, il n'en a pas été trouvé. Rappelons d'ailleurs que la première chose qu'avait faite Alstom lorsqu'ils ont eu des difficultés en 2006 a été de dire qu'on nous vendrait, ne serait-ce que pour faire remonter un tout petit peu le cours de l'action…

La construction navale a très mauvaise presse, elle est peu connue des économistes, il n'existe que très peu de modèles fiables de ce secteur ; on est vraiment sur un aspect « filière » assez particulier, et très industriel. Faible rentabilité, risque élevé, nous ne nous sentions pas endosser la responsabilité de lancer des programmes de participation de citoyens, de personnes privées ou de salariés, qui aurait pu mettre en péril tant l'emploi des salariés que leurs avoirs et leurs économies. Qu'ils soient dedans, c'est une excellente chose ; qu'ils en soient le pivot, ce n'était pas notre option.

Quant au terme de stratégie, il doit s'entendre dans ses deux acceptions. La première renvoie à l'aspect « défense ». Saint-Nazaire est effectivement le seul site où il est possible de construire de très grands navires comme les porte-avions. Brest n'a plus toutes les capacités industrielles et ses cales, trop petites, obligent à construire des bâtiments un peu courts. Le Charles de Gaulle exige une très grande technicité pour remplir sa mission, dès sa conception puis en opérations.

La capacité de notre cale doit donc être à tout prix maintenue ; et qui dit cale dit les gens qui sont autour. On y trouve un authentique savoir-faire non écrit, non diffusé, particulier à tous les salariés sur l'ensemble de la chaîne de construction navale. Et cela doit être maintenu en état comme en fonctionnement.

La deuxième acception renvoie à l'aspect industriel. Nos pays industrialisés un peu anciens arrivent à un moment charnière : on redécouvre le rôle structurant, économique et social, d'une industrie. Je fais partie des gens formés il y a déjà longtemps, auxquels on répétait que l'industrie, cela ne ferait plus de copeaux, cela ne serait plus que du numérique et à l'ingénierie ; or on découvre que l'industrie, ce n'est pas que cela, et que si nous voulons dynamiser notre pays, développer nos savoir-faire et créer de l'emploi, il faut aussi besoin de l'industrie. Or une industrie doit se structurer en filières, comme l'a souligné mon collègue de la CFDT ; et qui dit filière dit leader de filière, un pôle, un pilier. Mais ce pilier qui ne doit pas se résumer à un donneur d'ordres qui fait sa marge sur le dos de ses sous-traitants, comme cela a été le cas ces dernières années ; aux Chantiers de Saint-Nazaire, ce n'est pas possible.

Nous sommes en train de transformer notre modèle économique, notre écosystème économique de la construction navale autour d'une filière ; c'est ce que nous avons commencé à faire avec le comité stratégique de filière (CSF) auquel je participe, et qui doit impérativement être relancé. Les chantiers navals ont un rôle à jouer dans cette évolution. En cela, ils sont véritablement stratégiques pour notre pays, bien au-delà de la taille de la cale.

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