Intervention de Valérie Rabault

Réunion du jeudi 3 septembre 2020 à 15h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rabault :

Pour le groupe Socialistes et apparentés, ce plan de relance n'en est pas un. En effet, un tel plan suppose une mise en œuvre rapide et une action portant à la fois sur l'offre et sur la demande. Or, vous ne traitez que l'offre : vous ne vous adressez qu'aux entreprises. Certes, vous affectez un petit montant aux personnes les plus précaires, mais il ne représente que 0,8 % du montant total. On est donc très loin d'un plan équilibré. L'Allemagne, qui a présenté un vrai plan de relance il y a trois mois, a opéré un virage idéologique inouï en se concentrant sur la demande. Elle a soutenu les ménages pour faire fonctionner l'économie, grâce, notamment, à une baisse de 3 points de la TVA et à l'octroi d'une aide pouvant atteindre 300 euros par enfant. Le mot « demande » est absent de votre plan. Le rapporteur général de la commission des finances a d'ailleurs centré son propos sur l'offre. Ce n'est donc pas un plan de relance mais un plan d'investissement à une échéance de six mois, douze mois, voire davantage. Cela constitue un grand manque de votre dispositif. Vous ne pourrez pas relancer l'économie si vous ne soutenez pas la demande.

S'agissant du montant de 100 milliards d'euros, vous semez un peu des choux et des carottes, comme on en a l'habitude. Ainsi que vous l'avez rappelé, monsieur le ministre, l'aide de 3 milliards d'euros aux PME prendra la forme de garanties et ne renforcera pas leurs fonds propres. Les PME sont les grandes absentes de votre plan, comme des derniers PLFR, alors que ce sont elles qui assurent l'emploi. Cela explique peut-être pourquoi le Premier ministre a affirmé, ce matin, qu'il s'assignait l'objectif de créer 160 000 emplois, alors que la crise entraîne la destruction de 860 000 emplois. On est très loin du compte !

Par ailleurs, vous auriez dû tenir compte des alertes de l'INSEE, qui a indiqué, la semaine dernière, que nous avions subi, au deuxième trimestre, la plus forte baisse de pouvoir d'achat depuis 1949. Les ménages ont perdu la capacité de participer à la relance de la machine économique. Vous ne dites rien non plus à ce sujet.

Enfin, vous ne proposez aucun mécanisme pour orienter l'épargne, d'un montant total de plus de 100 milliards d'euros, constituée par les Français, notamment les plus aisés. Ce n'est pas avec le label « France Relance », monsieur le ministre, que vous réinjecterez de l'épargne dans l'économie.

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