Intervention de Vincent Ledoux

Séance en hémicycle du vendredi 23 juillet 2021 à 15h00
Approbation de la mesure 1 (2005) – annexe vi au protocole au traité sur l'antarctique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Ledoux :

« L'Antarctique a cette force d'attraction des choses inaccessibles qui appellent l'homme à s'engager avec passion » déclarait Jean-Louis Étienne ! Les régions polaires exercent en effet sur nous comme une « étrange attirance », « une religieuse empreinte » pour reprendre les mots de Charcot. Mais elles ne sont hélas plus aussi « inaccessibles » qu'aux siècles passés ! C'est donc avec passion que nous nous réjouissons de l'approbation de l'annexe VI qui offre l'occasion à notre pays de remplir ses engagements internationaux à l'égard du système du Traité sur l'Antarctique, et d'œuvrer, avec une grande partie de la communauté internationale, en faveur d'un renforcement de la protection de l'environnement dans la zone australe.

L'approbation de l'annexe VI constitue, en plus de la portée normative de ce texte, un geste symbolique fort démontrant l'engagement de notre pays en faveur de la préservation de l'Antarctique, quelques semaines seulement après la dernière réunion consultative du Traité sur l'Antarctique, au mois de juin.

Au-delà de son positionnement géographique, l'Antarctique joue un rôle central dans le système climatique mondial et représente une source essentielle d'étude des impacts de certaines menaces globales telles que le changement climatique. Il nous appartient donc de comprendre l'Antarctique et in fine de le préserver.

Par ailleurs, en tant que grande nation polaire, statut que nous devons aux explorateurs et aux scientifiques qui ont tenté l'aventure de l'Antarctique, de Jules Dumont d'Urville qui découvrit la terre Adélie en 1840 à Paul-Émile Victor, qui créa après-guerre les expéditions polaires françaises, en passant par les projets de Jean-Louis Étienne comme le Polar Pod et ceux de la Fondation Tara Océan, il incombe à la France de renforcer ses ambitions scientifiques sur le continent blanc.

En effet, l'Antarctique et l'océan austral sont parmi les zones sauvages les plus précieuses, mais aussi les plus vulnérables, présentes sur Terre. Le milieu marin concentre une vie végétale et animale riche, où il est possible de croiser des manchots, des otaries, des éléphants de mer, des baleines, des albatros et des pétrels. En dépit des conditions météorologiques extrêmes qu'ils subissent et de leur éloignement, l'Antarctique et l'océan austral sont une source de vie pour certains des organismes les plus extraordinaires au monde, parmi lesquels des spécimens impressionnants de la mégafaune. Une espèce fondamentale, le krill, soutient tout l'écosystème de la région, puisqu'il alimente les grandes baleines de l'hémisphère sud ainsi que les phocidés, les manchots et les oiseaux de mer.

Or l'Antarctique est devenu la destination touristique phare : il a le vent en poupe. Les croisiéristes surfent sur la vague polaire et construisent de plus en plus de bateaux dédiés. Le nombre de touristes connaissait une hausse annuelle de 10 % avant la crise sanitaire et a atteint 56 168 personnes pendant la saison 2018-2019, rien qu'entre les mois de novembre et de février. Cette activité entraîne une perturbation considérable, liée au piétinement et à la pollution. On assiste à une course en avant vers un gigantisme du tourisme, dangereux pour les écosystèmes – le tourisme pouvant même être considéré, à certains égards, comme invasif.

En cela, le Traité sur l'Antarctique, signé en 1959 et renforcé par le protocole de Madrid de 1991 grâce à une initiative conjointe du Premier ministre de l'époque, Michel Rocard, et de son homologue australien, doit plus que jamais être conforté. L'Antarctique doit demeurer une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science, où toute extraction de ressource minérale est interdite, au moins jusqu'en 2048, et où toute activité doit faire l'objet d'une étude d'impact sur l'environnement. Enfin, et en guise de corollaire, nous formulons le souhait que les moyens de la recherche scientifique française soient renforcés, notamment au travers de l'Institut polaire français Paul-Émile Victor, dont le dispositif se trouve actuellement à un tournant.

Je profite de l'occasion qui m'est faite pour saluer le travail de grande qualité que notre collègue Jacques Maire, qui fait preuve de constance dans ses engagements, mène depuis très longtemps. Ainsi, le groupe Agir ensemble votera en faveur du projet de loi autorisant l'approbation de la mesure 1 annexe VI au protocole au Traité sur l'Antarctique.

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